Étrange destin que celui d’être femme de pouvoir à la cour de France en 1500. Quand bien même Anne de France aura été une figure essentielle dans l’histoire à cette époque charnière, où le long temps du Moyen Âge touche à sa fin et où la Renaissance se fraye un chemin dans les sentiers rebattus de la pensée philosophique, artistique et politique, il lui aura fallu attendre un demi-millénaire pour être ainsi présentée au grand public, « qui l’a un peu oubliée », explique Giulia Longo, conservatrice du musée Anne-de-Beaujeu à Moulins. L’anniversaire des 500 ans de sa mort était l’occasion de redécouvrir ce personnage qui n’est pas rentré dans le panthéon des reines de France, d’autres figures comme Anne de Bretagne lui ayant fait de l’ombre. » Pourtant, la matière ne manque pas : née en 1461 comme fille aînée de Louis XI et de Charlotte de Savoie, Anne de France épouse à 12 ans le futur duc de Bourbon, Pierre de Beaujeu, et à peine une décennie plus tard, c’est elle qui tient les rênes du royaume durant la minorité de son frère Charles VIII puis pendant les guerres d’Italie à la fin du siècle. Femme de lettres et de culture, elle possède une plus grande bibliothèque que celle du roi et une des plus riches en Europe avec quelque 600 volumes. Pour se faire immortaliser, elle fait appel au Flamand Jean Hey, connu comme le Maître de Moulins pour son chef-d’œuvre du Triptyque de la Vierge en gloire et dont ne subsistent dans le monde qu'entre quinze et vingt œuvres. Non moins de six, dont quatre panneaux prêtés par le Louvre et la National Gallery de Londres, ont été exceptionnellement rassemblés pour l’exposition. Tout compte fait, que sont cinq cents ans d’attente contre un nouveau quart d’heure de gloire ?
« Anne de France : 1522-2022 », jusqu'au 18 septembre au musée Anne de Beaujeu, allier-auvergne-tourisme.com