Le Quotidien de l'Art

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Pavillon nordique : l’heure des Sámi

Pavillon nordique : l’heure des Sámi
Anders Sunna dans son atelier studio.
© Photo Michael Miller/OCA.

Trois artistes de trois pays expriment l'identité du peuple lapon.

Le pavillon nordique des Giardini obéit à une logique tournante : à chaque Biennale, c’est l’un des trois pays responsables (Norvège, Suède, Finlande) qui le gère. Pour cette édition, la Norvège a choisi d’en faire un manifeste de la culture Sami en conservant cette approche multinationale puisqu’y sont réunis trois artistes en provenance de ces trois pays : Máret Ánne Sara, Anders Sunna, Pauliina Feodoroff. Les Sámi ? Le grand public les connaît davantage sous un nom qui leur a été donné par les colons et dans lequel ils ne se reconnaissent pas vraiment : les Lapons. Dernière population autochtone d’Europe, ils essaient de maintenir contre vents et marées une culture propre. Elle comprend un mode de vie semi-nomade, un contact étroit avec la nature, tout en se jouant des frontières : distribués jusqu’en Russie, leur seule limite est le lichen, indispensable aux rennes avec lesquels ils vivent en osmose – lichen aujourd’hui gravement menacé par les bouleversements de l’environnement. Mais aussi une culture basée sur l’oralité, sur la langue et sur des pratiques chamaniques longtemps pourchassées – de manière brutale – par les missionnaires. Ce sont toutes ces problématiques – et aussi celle de la restitution d’œuvres d’art conservées dans des musées étrangers, qui n’est pas l’apanage de l’Afrique ou de l’Amérique – que les trois Sámi vont soulever de manière stimulante. La Norvégienne Máret Ánne Sara – dont le frère, jeune éleveur, a été en butte aux quotas qui lui ont imposé d’abattre la moitié de son troupeau – construit des allégories autour de la présence fondamentale du renne où les squelettes nous interpellent… Le Suédois Anders Sunna retranscrit en peinture et son l’histoire de sa famille, en butte à l’appétit vorace des chasseurs et propriétaires terriens qui empiètent toujours plus sur leurs territoires ancestraux. Et la Finlandaise Pauliina Feodoroff, avec une longue pratique du spectacle vivant, va sanctuariser les dernières forêts primaires du continent en vendant symboliquement aux enchères quelques lots… Le projet est monté à l’invitation de l’OCA (Office for Contemporary Art Norway), dirigé jusqu’à la Biennale par Katya García-Antón, elle-même Anglo-espagnole. Vive une certaine idée de l’Europe !

Anders Sunna dans son atelier studio.
Anders Sunna dans son atelier studio.
© Photo Michael Miller/OCA.
Studio d'Anders Sunna.
Studio d'Anders Sunna.
© Photo Michael Miller/OCA.
Pauliina Feodoroff.
Pauliina Feodoroff.
© Photo Laura Malmivaara.
Máret Ánne Sara et son frère Jovsset Ante Sara.
Máret Ánne Sara et son frère Jovsset Ante Sara.
© Photo Michael Miller/OCA.
Máret Ánne Sara et son frère Jovsset Ante Sara.
Máret Ánne Sara et son frère Jovsset Ante Sara.
© Photo Michael Miller/OCA.
Pâturages d'hiver des rennes.
Pâturages d'hiver des rennes.
© Photo Michael Miller/OCA.
Jovsset Ante Sara, le frère de l'artiste Máret Ánne Sara avec son troupeau de rennes.
Jovsset Ante Sara, le frère de l'artiste Máret Ánne Sara avec son troupeau de rennes.
© Photo Michael Miller/OCA.
Máret Ánne Sara.
Máret Ánne Sara.
© Photo Michael Miller/OCA.

Article issu de l'édition Hors-série du 16 avril 2022