Le Quotidien de l'Art

À Abu Dhabi, un nouveau type de biennale d'art dans la ville

À Abu Dhabi, un nouveau type de biennale d'art dans la ville
Christopher Joshua Benton, Where Lies My Carpet Is Thy Home, Public Art Abu Dhabi Biennial 2024 – 2025.
© Lance Gerber, Edited by Christopher Joshua Benton.

La première édition de la biennale PAAD - Public Art Abu Dhabi s’est clôturée fin avril. Porté par le nouveau département public éponyme, à l’ambition aussi solide que son budget, l’événement (pour)suit le boom démographique et culturel de la ville.

Lentement mais sûrement, dit l’adage populaire. Le contraire est plutôt vrai à Abu Dhabi, où le dernier grand projet culturel en date s’est fait très rapidement et sans certitude, si ce n’est celle d’une vision assurée quant à la place de l’art sur la place publique. Fondé à l’automne 2022 par l’émirat d’Abu Dhabi, le département Public Art Abu Dhabi (PAAD) – sous l’égide du plus large Department of Culture and Tourism (DCT), qui chapeaute l’intégralité des projets publics d’Abu Dhabi, dont l’ambitieux Saadiyat Cultural District et son îlot de musées – a pour mission de rendre la culture accessible au plus grand nombre et de sortir l’art des murs lisses des institutions, qui pour la plupart émergent ici tout juste de terre. Après le Louvre Abu Dhabi en 2017, le centre d’art immersif teamLab vient d’ouvrir ses portes fin avril, tandis que sont attendues au cours des prochains mois les inaugurations du musée d’Histoire naturelle et du musée d’Histoire nationale, puis en 2026, du Guggenheim Abu Dhabi. Doté d’un généreux budget annuel de 35 millions de dollars, le nouvel organe public du PAAD n’a pas eu de temps à perdre : dès l’automne 2023, le premier festival biennal de light art in situ Manar (phare, en arabe) investissait sept lieux de la capitale, attirant non moins de 700 000 visiteurs, tandis que se préparait dans les coulisses à ciel ouvert la première biennale d’art public. Un an après les premières visites prospectives de la ville menées par les curatrices à l’adresse d’artistes nationaux et internationaux, la biennale dévoilait à l’automne 2024 une centaine d’œuvres, dont 90 % de commandes, de 56 artistes.

À double sens

En six mois de vie à l’air libre, l’événement pilote a rapidement, mais très sûrement, passé le test. Lors de notre visite pour la semaine de clôture fin avril, les degrés avaient beau dépasser déjà la barre des 40, les œuvres profitaient toujours autant aux locaux. On croisait les plus âgés arrosant l’herbe des mini-jardins urbains nomades d’Azza Al Qubaisi, prenant le café sur le méga-tapis de Christopher Joshua Benton, faisant un selfie au coucher de soleil avec pour plateau-photo le grand cercle nacré des huîtres en aluminium de Farah Al Qasimi, installées en bord de mer en référence à la première économie des Émirats, qui ont commencé par plonger en mer pour pêcher la perle avant de plonger en terre pour extraire le pétrole. Plus loin, les plus jeunes s’arrachaient un dernier bout des gigantesques craies d’Allora & Calzadilla pour dessiner au sol du Formal Park des soleils brûlants, jouaient à cache-cache derrière les blocs de marbre rosé du groupe d’artistes danois Superflex à Capital Park, ou grimpaient le dôme en plastique recyclé et fibre de palmier de Wael Al Awar sur la corniche. « La biennale a été pensée à partir des besoins et des limitations de la ville. Pendant les mois d’hiver, le nombre de visiteurs dans les musées flanche. Après six mois de canicule et d’air conditionné, on a qu’une envie, c’est d’être dehors, explique la co-curatrice Carmen Salah Hassan, auparavant en poste à la biennale de Sharjah. On entend le terme…

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