Le Quotidien de l'Art

Aurélie Garon, de l’intranquillité

Aurélie Garon, de l’intranquillité
Aurélie Garon.
© BG.

Il est primordial pour un artiste de disposer d’un texte critique de qualité sur son travail. C'est le souhait d'encourager ce format d'écriture qui est à l'origine des bourses Ekphrasis, lancées par l'ADAGP en association avec l’AICA France et le Quotidien de l’Art : elles ont pour objet de mettre en relation 10 artistes avec autant de critiques. Les textes des 10 lauréats de cette deuxième édition (dotés chacun de 2000 euros, couvrant la rédaction du texte et sa traduction) seront publiés au long de l'année dans le Quotidien de l'Art, au rythme d'un par mois. Dans cette quatrième livraison, Véronique Terrier Hermann se penche sur le travail d’Aurélie Garon.

Après des études de philosophie, l’artiste Aurélie Garon s’est formée auprès de deux écoles spécialistes de l’image, l’ENSP de Arles, puis Le Fresnoy. On ne s’étonnera pas alors de trouver l’image au cœur de ses productions, qu’elles soient installation visuelle et sonore, photographie, ou plus récemment film.

Et ce, dès ses premiers travaux, pour lesquels l’artiste semble interroger les régimes du visible et de perception sensorielle, en autant d’expériences partagées. Lors d’installations immersives spatio-temporelles, de facture souvent assez minimale mais précise, nous sommes sollicités par des sons et des images rémanentes, et en ressortons avec cette étrange impression d’avoir été traversés – tels des transmetteurs peut-être, des médiateurs aussi –, par un rêve éveillé, un écho hypnotique.

Dans une des toutes premières installations, On ferait mieux de parler d’aveugles tout court (2004, pièce vidéo et sonore, 22’) l’artiste tente une expérience sensorielle. Immergés dans une salle sombre, nous regardons des moments, des tremblements d’images, de paysages, lacs, reliefs, vues urbaines, nocturnes… La projection s’emplit ensuite d’un ciel étoilé, support à l’imaginaire, et des récits audio de rêves s’entrecroisent et s’interpénètrent. On en suit un, puis un autre qui nous échappe à son tour, mais revient par bribes. Ce jeu d’écoute, d’attention, fragmenté, s’apaise au moment où l’image passe au noir, et qu’une voix, en écho, cale son rythme, jusqu’à n’être que seule oralité. Perte d’image, perte du récit, nous restons seuls face à ces expériences, retenues par nos sens, persistances d’impressions.

Pour Deux droites parallèles se…

Aurélie Garon, de l’intranquillité
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