Après des études de philosophie, l’artiste Aurélie Garon s’est formée auprès de deux écoles spécialistes de l’image, l’ENSP de Arles, puis Le Fresnoy. On ne s’étonnera pas alors de trouver l’image au cœur de ses productions, qu’elles soient installation visuelle et sonore, photographie, ou plus récemment film.
Et ce, dès ses premiers travaux, pour lesquels l’artiste semble interroger les régimes du visible et de perception sensorielle, en autant d’expériences partagées. Lors d’installations immersives spatio-temporelles, de facture souvent assez minimale mais précise, nous sommes sollicités par des sons et des images rémanentes, et en ressortons avec cette étrange impression d’avoir été traversés – tels des transmetteurs peut-être, des médiateurs aussi –, par un rêve éveillé, un écho hypnotique.
Dans une des toutes premières installations, On ferait mieux de parler d’aveugles tout court (2004, pièce vidéo et sonore, 22’) l’artiste tente une expérience sensorielle. Immergés dans une salle sombre, nous regardons des moments, des tremblements d’images, de paysages, lacs, reliefs, vues urbaines, nocturnes… La projection s’emplit ensuite d’un ciel étoilé, support à l’imaginaire, et des récits audio de rêves s’entrecroisent et s’interpénètrent. On en suit un, puis un autre qui nous échappe à son tour, mais revient par bribes. Ce jeu d’écoute, d’attention, fragmenté, s’apaise au moment où l’image passe au noir, et qu’une voix, en écho, cale son rythme, jusqu’à n’être que seule oralité. Perte d’image, perte du récit, nous restons seuls face à ces expériences, retenues par nos sens, persistances d’impressions.
Pour Deux droites parallèles se…