À la mémoire de Jean-Paul Albinet
« Les jeunes artistes d’aujourd’hui n’ont plus besoin de dire "je suis peintre" ou "poète" ou "danseur". Ils sont simplement "artistes". Tout de la vie leur sera ouvert. Ils découvriront à travers des choses ordinaires le sens de l’ordinaire. Ils ne tenteront pas de les rendre extraordinaires, mais ne feront que constater leur sens réel. Et à partir de rien, ils imagineront l’extraordinaire, et peut-être aussi bien le néant. »[1]
UNTEL, qui officie de 1975 à 1980, se compose de Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal, Alain Snyers, et avec la collaboration, en 1978, de Wilfrid Rouff. UNTEL œuvre essentiellement dans la ville et s’intéresse aux modes de communication (tracts, affiches, publicités...), à l’air que l’on respire, aux espaces urbains pratiqués. Il partage, distribue, accumule, présente et dresse une sorte d’inventaire à la Prévert de l’époque, de la mode, de la morale et de la passion, pour paraphraser le titre de l’exposition qui s’est déroulée au Centre Pompidou en 1987.
UNTEL procède par prélèvements urbains et donne naissance en 1977 à l’installation Vie quotidienne, un environnement dans lequel se déploient 2 500 objets collectés à Paris et exposés à la manière d’un grand magasin. Le récolement du substrat nécessaire à l’élaboration de ce supermarché a duré six mois et a été réalisé de manière méticuleuse, qu’il s’agisse des déchets collectés ou des journaux, magazines et autres enregistrements audio… Ordonné, l’ensemble se compose de dix-huit thèmes : le logement, les expulsions, la police, les banques, le chômage, le sexe, les cafés et les bars, la radio, la télévision, les déchets urbains (« l’écume des jours »), l’inauguration de Beaubourg… Le protocole établi pour la constitution de ces pièces a été élaboré dans un…