En février, l’acteur Johnny Depp s’est lancé sur le marché du NFT, avec le drop de 10 000 jetons représentant des portraits de personnalités. L’information n’a pas été divulguée par une revue d’art, mais par « Page 6 », la rubrique potin-people du New York Post. C’est dire le peu de crédit que le monde de l’art porte aux stars qui aspirent à être créateurs. De Sylvester Stallone à Val Kilmer en passant par James Franco, Anthony Hopkins ou Gina Lollobrigida, la liste des comédiens et comédiennes qui se sont essayés à l’art est pourtant longue. Et le résultat souvent fort peu probant. Si les photos de Dennis Hopper restituent l’ambiance fast and furious des sixties, ses peintures laissent au mieux perplexe. Tout comme celles, très pop, de Pierce Brosnan, plus doué dans le rôle de James Bond que derrière un chevalet. Sans parler des tableaux kitsch et criards à souhait de Jim Carrey, dévoilés en 2017 dans une vidéo auto-promo que, par charité, on considérera comme du second degré. « J'ai besoin de couleurs dans la grisaille », clamait en voix off le comique qui, pour une fois, manque d’humour. Critique d’art du quotidien britannique The Guardian, Jonathan Jones l’a sèchement dézingué : « Peut-être les comédiens se donnent-ils tant dans leurs rôles qu’il ne leur reste plus rien à offrir ».
Les comédiens le répètent à l’envi, l'art les apaise. Brad Pitt ne rate pas les vernissages du sculpteur Thomas Houseago, qui lui a aménagé un petit bout de son atelier à Los Angeles pour que la star puisse s’adonner à un art qu’il tient encore secret. « Quand on est interprète, on est au service d’un désir, d’un réalisateur, du box-office. Les choses nous dépassent, nous confiait voilà quelques années Romain Duris. Devant une page blanche, il y a quelque chose de concret, de plus vrai, qui sort de la main et qui remplit. C’est une façon de retourner à la base. » À quelque…