Conventions, résolutions des Nations unies, protocoles intergouvernementaux : les accords prévoyant la création de cellules policières spécialisées dans le trafic des biens culturels sont légion depuis le texte pionnier de l’Unesco de 1970. Mais aucun d’entre eux n’est contraignant. Résultat, rares sont les pays à avoir mis sur pied leurs propres cellules, et plus rares encore sont ceux à les doter convenablement au regard de l’explosion du trafic. Aux traditionnels réseaux s’ajoutent aujourd’hui les réseaux sociaux comme Facebook, Etsy ou Ebay, qui décuplent les possibilités de revente en toute discrétion sur les groupes privés, et noyés dans l’immensité des transactions web. Face au blanchiment en bandes organisées, il n’est pas anodin que l’office français central de lutte contre les vols d’œuvres d’art ait été rebaptisé en 1996 l’office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC)…
Peau de chagrin
Malgré tout la police judiciaire fédérale belge décidait au 1er janvier de fermer son unité dédiée – mais pourrait revenir sur cette décision (voir l'Hebdo du 04/02/2022). Après une première tentative de démantèlement en 2016, l’histoire se répète avec le non-remplacement du départ à la retraite de l’unique agent dédié, Lucas Verhaegen, et l’affectation à d’autres tâches des deux « civils » qui le secondaient. Cette décision a fait des émules. Début février, le Parlement européen s’inquiétait du projet de fermeture en Bulgarie du bureau du procureur et de son tribunal spécialisé sur le crime organisé dont dépendent les affaires sur le trafic culturel. En Angleterre, l’Art and Antique Unit de Scotland Yard vit depuis 1969 au gré des fermetures et réouvertures. Un premier démantèlement pour raisons budgétaires a été décrété en 1984, et dura cinq ans. L’histoire se répète en 2017, avant que les autorités ne fassent marche arrière l’année suivante et rétablissent 6 agents dédiés. Le manque de moyens n’est pas circonscrit à…