Suite à l'agression contre l'Ukraine, la Russie voit les portes de l'Occident se fermer : elle a été exclue de nombreuses manifestations dont elle était une vieille habituée, de la Coupe du monde de football à l'Eurovision, de l'Euroligue de basket aux concerts du chef d'orchestre Valery Gergiev, de la mission sur Mars au Comité international olympique. Quand il ne s'agit pas d'une mesure de rétorsion, ce sont les participants qui décident de jeter l'éponge comme ce lundi avec les membres du pavillon russe de la Biennale de Venise. Le spectacle vivant sera particulièrement touché avec la fin de tournées de ballets, musiciens, troupes de théâtre. Dans le domaine de l'architecture, on peut prédire un ralentissement des chantiers en cours : si les tours jumelles Hermitage à la Défense n'avaient pas été abandonnées en janvier dernier, il y a fort à parier que la décision aurait été prise maintenant.
Morozov, un test
Dans un milieu de l'art globalisé, les grandes expositions blockbusters sont inséparables des prêts entre pays. En ce moment, l'exemple le plus emblématique au niveau mondial est la collection Morozov montrée à la Fondation Louis Vuitton : plusieurs années de négociation et l'onction de Vladimir Poutine lui-même ont été nécessaires pour déplacer ces chefs-d'œuvre dont la valeur d'assurance est gardée secrète mais dépasse le milliard d'euros. Le coût des transports (une quarantaine de convois) mais aussi l'engagement de Louis Vuitton à financer des restaurations ou des chantiers de modernisation des musées à Moscou ou Saint-Pétersbourg s'inscrivent dans un véritable partenariat à moyen terme. Comme pour le précédent opus consacré à la collection Chtchoukine (1,2 million de visiteurs), le succès est au rendez-vous : par une coïncidence scabreuse, l'exposition a dépassé le million d'entrées le 23 février, à la veille de l'attaque russe... Des voix se sont vite élevées pour…