Le Quotidien de l'Art

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« Nous sommes en Europe ! »

« Nous sommes en Europe ! »
Thomas Hug, directeur d'artgenève.
© Photo Annik Wetter.

Le directeur fait le point sur les évolutions d’une manifestation qui fête en 2022 son 10e anniversaire.

Thomas Hug

Combien de galeries accueillez-vous pour cette édition 2022 ?

Ce que je dois dire avant toute chose, c’est l’émotion que m’a procuré, deux ans après notre dernière édition (janvier 2020), le fait de revoir des gens travailler dans la halle, remonter des stands ! Sur 20 000 m², nous avons un peu moins de 100 galeries – c’est le nombre que nous souhaitons ne pas dépasser pour assurer un succès commercial à chaque participant. Beaucoup avaient déjà été sélectionnées pour l’édition annulée en 2021, mais certains choix ont inévitablement été remis en question par le comité (qui comprend les galeries Sébastien Bertrand, Capitain Petzel, Hauser & Wirth, Mezzanin et Franco Noero). Nous avons eu de nouvelles demandes du fait de l’annulation de la BRAFA et de TEFAF, mais quasiment pas de désistement, même si les hasards du calendrier font que la Zurich Art Week se tient en même temps –jnous avons d’ailleurs conclu un partenariat avec eux. Nous recevons un certain nombre de nouveaux exposants, comme Chantal Crousel, Thaddaeus Ropac, les Londoniens Herald St et Waddington Custot ou Van de Weghe de New York.

Quel est votre public ?

Il a beaucoup crû depuis les débuts, puisque nous avions comptabilisé 4000 entrées à nos débuts en 2012 et 25 000 en 2020. Nous avons créé le salon pour attirer les amateurs et collectionneurs de l’arc lémanique, mais artgenève plaît apparemment aussi beaucoup en Suisse alémanique. Et nous avons également un nombre significatif de Parisiens, de Britanniques, d’Italiens, d’Autrichiens : nous sommes en Europe !

Vous accordez une grande attention à la dimension « curatée ».

Effectivement. Nous avons déjà les solo shows des galeries – 17 cette année – et nous sélectionnons les propositions les plus abouties dans ce domaine. Mais cette exigence s’étend aussi aux exposants institutionnels qui occupent quelque 20 % du salon sur le pourtour, comme une couronne. Nous avons aussi bien des acteurs locaux comme le MAMCO ou la Fondation Gandur que le Centre Pompidou, le musée Boijmans van Beuningen et le Nouveau Musée National de Monaco (qui présentera des performances de collectionneurs) ou les Serpentine Galleries de Londres. La Fondation Bodmer présente une exposition sur le thème du labyrinthe, qui se déroule elle-même dans un labyrinthe…

L’espace photographique est une nouveauté notable.

Chaque année, nous aimons proposer au sein du salon des secteurs spécifiques. Dans les années passées, nous avons eu des espaces consacrés au salon PAD avec les Art décoratifs ou à la foire LOOP de Barcelone, spécialisée dans l’art vidéo. Cette fois-ci, c’est la photographie, avec 12 exposants qui n’étaient jamais venus à artgenève. J’aime changer régulièrement l’offre, cela amène une énergie nouvelle. Et il faut dire qu’un certain nombre de collectionneurs me demandaient régulièrement pourquoi il n’y avait pas plus d’offre photographique à artgenève.

Nourrissez-vous toujours des ambitions hors de Genève ?

Nous n’avons pas abandonné nos projets de créer des foires pop-up ailleurs même si Moscou, que nous évoquions il y a deux ans, n’a pas pu se faire en 2021 et n’est cette année plus d’actualité. L’idée demeure de ramener artgenève à sa date habituelle de fin janvier, de garder artmonte-carlo en juillet et d’avoir à des dates intermédiaires, à la rentrée de septembre ou à la mi-mai, d’autres événements dans un autre pays, d’une manière non-annuelle.

À Paris aussi ?

Oui, nous aurons pour le début juillet, juste avant la Fashion Week, « artgenève Night-Fall », un festival qui durera 10 jours et qui unira l’art et la gastronomie. Les galeries mettront des chefs en lumière dans leurs restaurants par l’intervention d’artistes. Et il y aura d’autres initiatives ailleurs, dont un festival de musique pop avec des acteurs du monde de l’art, l’idée étant d’intervenir de façon originale dans les villes où sont basées des galeries participant à artgenève.

Thomas Hug, directeur d'artgenève.
Thomas Hug, directeur d'artgenève.
© Photo Annik Wetter.
artgeneve 2019.
artgeneve 2019.
© Photo Mathilda Olmi.
Jean-Marc Bustamante, "Folle espérance", 2021, encre, bâtonnet d'huile et vernis acrylique sur panneau, gesso poncé et enduit, 140 x 198 cm.
Jean-Marc Bustamante, "Folle espérance", 2021, encre, bâtonnet d'huile et vernis acrylique sur panneau, gesso poncé et enduit, 140 x 198 cm.


© Courtesy Thaddeus Ropac/Adagp, Paris 2022.

Article issu de l'édition Hors-série du 02 mars 2022