Elle travaille dans la campagne corrézienne, à Treignac, croquant avec une minutie de bénédictin des branches d'arbre (à la pointe d'argent, que son père Claude Eveno accompagne d'une prose sensible) ou des vues plongeantes de villages paisibles (à la peinture), à voir actuellement à la galerie Crèvecœur. Et voici que Louise Sartor, jeune artiste de 33 ans, est propulsée du silence de la France profonde vers l'atmosphère électrique de Roland-Garros. Elle a en effet été choisie par la Fédération française de tennis pour créer l'affiche des prochains internationaux de France (le comité de sélection a bénéficié des conseils de Fabrice Bousteau, directeur de la rédaction de Beaux Arts). Oscillant par son parcours entre le bucolique et l'urbain (diplômée des Beaux-Arts et des Arts déco, pensionnaire à la Villa Médicis en 2019-2020), elle a choisi de mettre en avant les sans-grade de cette arène surchauffée, les ramasseurs de balles, dont le corps est strié par l'ombre des filets. Elle succède à Jean Claracq (qui avait préféré une ambiance nocturne et dépeuplée pour le court central) et prolonge une sacrée lignée, initiée en 1980 par Adami, puis continuée par Folon, Miró, Vik Muniz ou Hervé di Rosa.
À voir : « Louise Sartor, Rive gauche / Rive droite », jusqu'au 12 mars à la galerie Crèvecœur, 5, rue de Beaune (75007) et 9 rue des Cascades (75020).
galeriecrevecoeur.com