Abidjan
Claude Como a grandi en Côte d’Ivoire. Son père, chimiste, s’est installé à Abidjan l’année de sa naissance. Elle y a vécu jusqu’à ses 16 ans, et garde un attachement viscéral envers un pays où elle a vécu librement, d’une manière collective, proche du vivant. Depuis son difficile départ, Claude Como se pense comme un corps flottant, ni vraiment ici, ni vraiment là-bas. Un corps entre-deux qui pose la question du foyer, de l’errance, des racines ou de l’appartenance.
Elle commence à dessiner dès l’âge de 5 ans. Tous les samedis, devant un tableau noir posé sur un chevalet, elle « fait son travail ». Elle imagine un ballet : sa mise en scène, ses personnages, les détails des costumes. Le samedi suivant, elle efface le tableau et réinvente de nouvelles situations selon des règles très précises. Finalement, c’est ce que l’artiste continue à faire depuis les années 1980. Elle fabrique de nouveaux mondes à partir d’images récoltées à la fois dans ses souvenirs, ses sensations, mais aussi une histoire de l’art qu’elle continue d’explorer. La figuration de ces mondes passe par un apprivoisement de différentes techniques pour la réalisation de séries au long court. Elle part du principe qu’elle ne sait rien, pour que chaque œuvre soit une aventure en soi. Cette réflexion par série lui permet de fouiller en profondeur les sujets, de leur dédier le temps nécessaire. « Ma démarche artistique s’inscrit dans un challenge permanent et un jeu. Je vais vers ce que je ne sais pas faire. Rien n’est jamais acquis. »[1] Chaque série implique une réinitialisation technique, mais aussi visuelle, puisque l’artiste s’immerge dans un nouvel espace du vivant. Il en résulte une écriture plurielle qui s’adapte aux sujets auxquels elle se consacre pleinement.
Elle confie alors ne pas avoir de style, ne pas être programmée pour écrire d’une manière unique. « Je n’ai pas une seule manière de faire. Je suis mes intuitions, quitte à ce qu’on ne me reconnaisse pas. C’est…