144 000 km2, 10 millions d'habitants, un relief agité (avec le pic Somoni culminant à 7495 mètres), près de 1500 km de frontière avec l'Afghanistan, 2 compagnies aériennes et 4 avions de ligne enregistrés : enclavé en Asie centrale, le Tadjikistan fait partie des pays les moins connus de la planète. Il a pourtant été dans le passé un carrefour de civilisations, par où se sont infiltrées les influences hellénistiques, bouddhiques, chinoises, arabes, donnant naissance à des cultures brillantes comme celle de la Sogdiane au VIIIe siècle... L'exposition du musée Guimet, qui ferme cette semaine, est une grande première, qui risque de ne pas se répéter de sitôt : jamais les œuvres des musées nationaux n'avaient en effet quitté la capitale, Douchanbé, pour être montrées à l'étranger. L'acheminement à Paris a d'ailleurs constitué un vrai défi : il a fallu démonter les sièges d'un des Boeing 737 de la Somon Air pour faire place aux fourreaux d'ivoire, aux dés de lapis-lazuli, aux boucles d'oreille en or à motifs de dauphins ou de sangliers, aux plus volumineuses peintures sur torchis stuqués ou aux surprenantes sculptures sur bois calciné. Dues à des artistes anonymes, dignes précurseurs de Christian Lapie ou Wang Keping, leur noir de jais est aussi étincelant qu'il y a 1400 ans...
« Tadjikistan, au pays des fleuves d'or » au musée Guimet, jusqu'au 10 janvier.
guimet.fr