Fin 2016, une plaque en bronze béninoise du XVe siècle était mise aux enchères en Virginie. Juste avant que le marteau ne tombe pour confirmer l'enchère à plus d'un million de dollars, le commissaire-priseur recevait une lettre du gouvernement nigérian exigeant l'arrêt de la vente. Depuis, la plaque attend de connaître le sort qui lui sera réservé. Cet incident est une bonne illustration de l'incertitude avec laquelle les institutions américaines abordent la question des objets africains de l'époque coloniale. La provenance de bon nombre d’entre eux est loin d'être aussi claire que celle de cette plaque, prise en 1897 lors d’une expédition britannique dans le royaume du Bénin – aujourd’hui au Nigéria –, expédition qui avait donné lieu au pillage de centaines d'objets. Cette semaine, la National Gallery de Washington a annoncé qu'elle allait restituer au Nigéria un coq en bronze dérobé lors de cette même expédition.
« Concernant l’Europe, et en particulier la France, l'Allemagne et la Belgique, les institutions aux prises avec le problème des collections constituées lors d'expéditions dites ethnographiques sont essentiellement publiques, explique Victoria Reed, conservatrice en charge des provenances au Museum of Fine Arts de Boston. Ces musées disposent donc d'archives très claires sur la provenance des objets et la manière dont ils ont été sortis de leur pays d'origine. Collectés pour le compte des gouvernements d'occupation, ils sont inextricablement liés à la colonisation. » Les musées américains, en revanche, « sont dans une position légèrement différente, poursuit-elle…