Olga Yaméogo, Aristote Mago, Tiffanie Delune, Lerato Motaung, Morné Visagie… De beaux noms, sonores et poétiques, mais des noms malheureusement trop peu connus. À l’heure où la France restitue 26 œuvres historiques au Bénin, et alors que la géopolitique se décentre, il est temps d’ouvrir les yeux sur la création plus récente de l’Afrique et de tous les territoires qu’elle a irrigués. C’est le rôle défricheur que continue de jouer AKAA qui, pour sa 6e édition au Carreau du Temple, accueille 34 galeries internationales (dont 8 nouvelles) et une bonne centaine d’artistes. Beaucoup de ces galeries sont émergentes – à peine quelques années d’âge – et autant africaines qu’européennes, ce qui montre combien ce secteur est à la fois en ébullition, attirant pour les jeunes professionnels (d’Europe, d’Afrique, mais aussi d’Amérique !) et stimulant en matière de découvertes. Dans cette progressive affirmation de l’art africain ou de sa diaspora, bien des écueils demeurent : collections locales embryonnaires, rémunération insuffisante des créateurs, mobilité internationale entravée par les États occidentaux… Autant dire que, pour cette création bouillonnante, mais manquant encore de structure (quoique les choses bougent rapidement au niveau du marché et des institutions), la difficulté est de s’inscrire dans la durée, d’intégrer la mémoire historique tout en faisant éclore des talents neufs. En d’autres termes, faire preuve de résilience : c’est le mot d’ordre de cette édition, qui y contribue en combinant les rôles de place de marché et de caisse de résonance.