Utopie en double FRAC
Le Familistère de Guise, voulu par l'entrepreneur Godin, champion du poêle en fonte de fer, est l'une des plus admirables utopies fouriéristes sur le territoire français. Construit entre 1859 et 1884, il a logé jusqu'à 1700 personnes, ouvriers de l'usine voisine et leur famille, dans le cadre d'une association coopérative du capital et du travail, qui n'a été dissoute qu'en... 1968. Si sa vocation pour l'habitat a progressivement diminué, les bâtiments (classés monument historique en 1991) ont été habilement préservés et une dimension sociale préservée. Sur le site coexistent aujourd'hui une école, un théâtre, quelques appartements (en rénovation), un restaurant et prochainement un hôtel d'esprit alternatif. Alors que l'on soupçonne les FRAC d'être très jaloux de leur indépendance, ceux-ci ont montré la même propension à collaborer. Dans une exposition qui envahit les différents espaces de vie du bâtiment central, autour de la grande cour aux murs jaunes, le FRAC Picardie (connu pour son fonds de dessin) et le FRAC Grand Large (art contemporain et design) y égrènent les visions de l'utopie – conçue comme le jeu des passions – que distillent leurs collections. Y voisinent ainsi, au hasard des appartements d'autrefois, parmi une quarantaine d'artistes, entre œuvres peu vues ou acquisitions récentes, Jean-Michel Alberola et Marion Baruch, Hélène Delprat et Jeremy Deller, Hanne Darboven et Robert Filliou. Avec quelques pépites à redécouvrir comme les très minutieux plans de fourmilières (forcément utopiques...) de Jean-Jacques Rullier.
Rafael Pic
« Une journée en utopie » au Familistère de Guise, jusqu'au 14 novembre.
familistere.com/fr
frac-picardie.org
fracgrandlarge-hdf.fr
« Une journée en utopie » au Familistère de Guise, jusqu'au 14 novembre.
familistere.com/fr
frac-picardie.org
fracgrandlarge-hdf.fr