L’injonction à l’innovation se répand dans les musées. Chacun rivalise de créativité : application de visite, casque de réalité augmentée, billetterie en ligne, gestion des flux en temps réel, podcasts… Portée par des start-up, l’innovation traverse l’ensemble des missions du musée du XXIe siècle, mais peine encore à se développer à grande échelle. Et pour cause, entre start-up et administration publique, le dialogue n’a rien de simple. « La commande publique avec la complexité du code des marchés publics est souvent sous-alimentée en budget et trop longue dans le temps pour coller au mode de fonctionnement de l’innovation », lâche Frédéric Durand, CEO de Smartapps qui équipe nombre de musées en application de visites. Autre problème, poursuit-il, « la direction des achats dans le public n’est pas toujours compétente pour déterminer la capacité et les moyens nécessaires à un projet et donc la solidité des propositions retenues ». Ce manque de connaissance perturbe les conditions de la collaboration dès le départ par des appels d’offres parfois mal rédigés. « Outre le fait de choisir le moins-disant qui n’est pas forcément l’offre la plus appropriée, les cahiers des charges des appels d’offres publics peuvent être très écrits, bridant notre capacité à être créatif et proposer quelque chose sur-mesure, ou à l’inverse trop libres, ne cadrant pas assez leur demande, signe que leurs besoins en interne ne sont pas identifiés, explique Laurence Giuliani, fondatrice d’Akken. De plus, nos entreprises ne sont pas rémunérées pour le prototypage d’un produit pourtant conçu sur-mesure pour un monument ou un musée. Alors même que la rémunération de l’esquisse est obligatoire pour les architectes. »
L’incompatibilité avec les marchés publics obligatoires pour des contrats supérieurs à 40 000 euros – alors qu’une application se développe à partir de 15 000 euros –ne peut être l’unique raison d’une rencontre difficile. Il faut aller chercher du côté de…