« Résilience », ce mot à la mode en cette deuxième année de pandémie n'épargne pas le secteur du marché de l'art. C'est celui qu'a choisi l'économiste Clare McAndrew pour titrer son rapport de milieu d'année publié par UBS et Art Basel, à quelques jours de l'ouverture de la foire bâloise : « Resilience in the Dealer Sector ». 700 marchands d'art et d'antiquités issus de 54 pays, ainsi que des collectionneurs fortunés, ont répondu à l'enquête. Verdict : alors qu'un quart des galeries ont licencié une partie de leurs employés en 2020, la même proportion a procédé à de nouvelles embauches au premier semestre 2021. Côté ventes, les affaires reprennent doucement : globalement, le secteur voit une augmentation de leur volume de 10 %, mais la moitié des marchands constatent une augmentation par rapport à 2020, et l'autre une baisse... Et ce sont les plus gros qui s'en sortent le mieux : ceux dont le chiffre d'affaires est supérieur à 10 millions de dollars ont connu une progression de 21 %. Autre fracture, géographique cette fois : les galeries asiatiques connaissent un bond de 18 %, quand les Européennes chutent de 7 %. Les ventes en ligne par des galeries continuent à progresser, et représentaient au premier semestre 33 % des transactions. En outre, la faible (0,5 %) part des ventes d'art numérique indique selon le rapport que la vente de NFT ne transite pas par le système traditionnel des galeries. Côté clients, les plus riches – les « HNW » (high-net-worth) – tirent le secteur vers le haut, malgré la crise : leur « panier » moyen est passé à 242 000 dollars en un seul semestre, soit une progression de 42 % par rapport à 2019 (pour l'année entière), avec les millenials menant la danse (378 000 dollars), tandis que les femmes, moins nombreuses, continuent à dépenser en moyenne plus que les hommes. Ils et elles préfèrent encore en grande majorité (82 %) passer par un marchand plutôt qu'une marketplace en ligne pour acheter de l'art, mais un tiers d'entre eux tout de même a acheté une œuvre via Instagram... Enfin, les collectionneurs ont prévu d'assister en moyenne à 21 foires ou salons cette année. Un chiffre équivalent à 2019 qui montre, malgré l'incertitude encore forte liée à la pandémie, un certain appétit à retrouver les galeristes et leurs artistes, comme le conclut Clare McAndrew : « Alors que de plus en plus l'art se vend en ligne et en dehors du cadre traditionnel des galeries, leur rôle reste essentiel dans la construction et la gestion de la carrière des artistes. »