Art Paris est la première foire à inaugurer le Grand Palais éphémère. Est-ce que la dimension plus réduite des lieux a été une contrainte pour la sélection des galeries ?
Il est vrai que par rapport au Grand Palais historique, nous perdons 2000 m2, soit 25 % de la surface totale. L’espace est donc compté, mais il est spectaculaire avec cette grande baie vitrée qui donne à la fois sur la Tour Eiffel et sur le Champ de Mars, sur lequel nous allons créer une zone de restauration en extérieur. J’aime la simplicité presque cistercienne du bâtiment de Jean-Michel Wilmotte dont la hauteur sous plafond est d’une vingtaine de mètres, contre les 45 mètres de la verrière du Grand Palais historique. Nous écrivons une autre histoire et nous sommes contents d’être les premiers à y entrer.
Malgré cette contrainte de place, 57 galeries participent pour la première fois ou reviennent et le taux de renouvellement est de 40 %. Il y a eu beaucoup de mouvements !
Là où nous comptions en moyenne auparavant 150 galeries, nous descendons à 140. Ensuite, plus que les chiffres, nous sommes attachés au renouvellement qualitatif comme l’attestent des galeries qui intègrent cette édition et qui n’avaient jamais participé à Art Paris : Thaddaeus Ropac, Almine Rech, Kamel Mennour, Continua, Massimo de Carlo, etc...
Pourquoi ces galeries qui ne sont jamais venues ont été conquises et ont franchi le pas ?
Plusieurs choses. Grâce au travail que nous faisons depuis 10 ans, je pense que tout le monde a compris qu’Art Paris est aujourd’hui un événement de qualité. Beaucoup de ces galeries ont admiré notre geste de résistance en 2020 puisque nous avons été la seule foire au monde à se tenir physiquement en septembre. Dans ce contexte si particulier, notre bilan affichait quand même 113 galeries et 56 000 visiteurs… Après, le modèle de foire régionale est un atout essentiel avec un cœur franco-français ouvert sur les périphéries européennes. Le circuit de proximité est ce qui marche aujourd'hui, tout particulièrement en ces temps de pandémie. J’avais développé dès mon arrivée à la tête de la foire en 2012 ce concept de régionalisme cosmopolite et c’était finalement visionnaire par rapport à ce qui se passe aujourd’hui.
Est-ce qu’avec l’arrivée de ces galeries poids lourds, vous vous positionnez en concurrent de la Fiac malgré tout ?
Nous ne souhaitons pas être une Fiac bis. Ce qui m’intéresse est d’affirmer l’ADN Art Paris qui est différent, où les galeries prestigieuses côtoient des plus jeunes et des scènes émergentes comme l’Afrique ou la Corée. Essayons de sortir des autoroutes de l'art contemporain où on retrouve les 50 sempiternels noms que l’on voit partout et sortons du formatage des foires internationales. Et surtout, nous soutenons la scène française de façon officielle depuis 2018, en invitant un commissaire à porter son regard et produire un travail critique.
Cette année, vous avez confié cette lecture à Hervé Mikaeloff. Que va-t-il mettre en lumière ?
Nous avons eu une rencontre décisive et son thème autour du portrait et de la figuration m'a paru évident. Il part de figures tutélaires comme Yan Pei Ming ou Marc Desgrandchamps, pour aborder de jeunes artistes à découvrir. Je pense à Rose Barberat, François Malingrëy, Alin Bozbiciu, Nazanin Pouyandeh, Alex Foxton ou encore Marcella Barceló pour ne citer que quelques noms. Le thème dépasse largement sa sélection car beaucoup de galeries l’ont intégré, dont Patrice Trigano qui présente des portraits magnifiques de Derain, et Hervé Mikaeloff fait le pont avec Poush Manifesto où sera présentée au 16e étage une extension de son thème portrait et figuration. Nous voulons être une foire de découvertes et un salon manifeste.
En parallèle, la section moderne est très présente ?
De plus en plus de galeries jettent des ponts entre des artistes historiques et contemporains. Pauline Pavec ou Anne-Sarah Bénichou incarnent cette nouvelle génération de galeristes qui favorise ce dialogue transgénérationnel. D’autres renouvellent le regard sur certains artistes comme Vasarely, Alicia Penalba ou Simon Hantaï en présentant des pièces charnières.
Cette édition 2021, par sa diversité et sa richesse, par les partenariats que nous avons pu monter avec les différents musées et nouveaux lieux dynamiques, illustre la renaissance culturelle de Paris, the place to be. Je suis certain qu’en septembre tous les regards seront tournés vers Paris et sa foire éponyme !