Sur les quatre plus hauts prix obtenus par ce peintre rare qu'est Van de Velde III (on ne lui connaît qu'une quarantaine de toiles), deux ont été obtenus à Paris, dont le record chez Audap-Mirabaud en juin 2018. « La France est le grenier de l'Occident ! », se félicite Matthieu Fournier, le commissaire-priseur qui a dirigé la vente des maîtres anciens chez Artcurial le 9 juin dernier. C'est à cette occasion que cette nature morte, estimée 200 000 euros, a bondi à 465 000 euros. Il s'agit d'une redécouverte, provenant d'une vieille collection française, celle du papetier Charles Duriez. « Le tableau état sale. Le décrassage lui a redonné sa luminosité et nous a permis de retrouver la signature, en bas à droite sur l'entablement. S'il avait été peint sur panneau et non sur toile, son prix aurait probablement doublé car il aurait eu encore plus de transparence, de profondeur. » Comme dans ces vanités qu'affectionnait le XVIIe siècle, chaque objet a un sens symbolique et le tableau est une véritable composition codée. « Les huîtres, à gauche, sont une allégorie de la vie, de la jouissance, et les châtaignes, à droite, sont celles de la chasteté, avec laquelle elles partagent d'ailleurs une même étymologie. Au milieu, le citron, qu'on utilisait pour adoucir le vin blanc, représente la tempérance. » Voilà qui est plus amusant que les instructions de nos diététiciens actuels...
L'image du jour