Mars 2020. La Ville éternelle est déserte, confinée. Seuls quatre artistes hantent la Villa Médicis dans un enfermement artistique plus fort que jamais. Parmi eux, les photographes Edouard Taufenbach et Bastien Pourtout observent dans cet épisode inédit de temps suspendu l’arrivée progressive des hirondelles. Intrigués par ces oiseaux inexistants à l’état sauvage mais cohabitant avec les hommes, ils se mettent en tête de saisir leur vol, seul mouvement de liberté dans cette période inédite. Sur une trame de grillage, les moments volés à ces plus grands migrateurs se succèdent, parfois coupés, floutés ou détaillés sur un camaïeu de cieux. Du bleu lavande intense au gris taupe, en passant par un feu orangé, le coloris du ciel se décline comme un appel à mieux observer la granularité de notre monde. À l’annonce de l’appel à projets du prix Swiss Life à quatre mains qui récompense un binôme photographe/musicien, Edouard Taufenbach se rapproche de Régis Campo qui composera deux morceaux. Le séquençage saccadé du vol circulaire des hirondelles est une œuvre en soi mais se donne à voir autrement à l’écoute des mouvements tournoyants d’une musique répétitive qui circule et embrasse les œuvres. Les prises de vue rapprochées du vol, fixation de leur présence anarchique et inquiétante, prennent vie dans les vibrations chaotiques de la bande-son. Cette rencontre artistique et disciplinaire, qui a séduit le jury du prix Swiss Life et s’expose en ce moment à Roubaix en attendant Arles et Bordeaux, est une œuvre, une et entière, ni tout à fait visuelle ni tout à fait sonore.
Le Bleu du Ciel
Jusqu’au 5 septembre au musée de La Piscine, Roubaix. roubaix-lapiscine.com
Du 1er au 24 juillet, galerie la Belle Étoile, Arles