Dans les milieux culturels, les prises de parole publiques sont rares pour dénoncer le sort réservé à l’opposant Alexeï Navalny, dans le collimateur des autorités russes. Condamné à deux ans et demi de prison en février, il purge sa peine dans une colonie pénitentiaire réputée impitoyable. « Que ferons-nous demain si nous ne pouvons croire personne aujourd’hui ? » Tima Radya avait inscrit ces mots sur un mur d’Ekaterinbourg la veille de son arrestation par la police – le 23 janvier, le jeune street artist manifestait dans sa ville de l’Oural, répondant à l’appel d’Alexeï Navalny. Empoisonné l’été dernier en Sibérie, le virulent contempteur du Kremlin avait préparé son retour tonitruant en Russie : coup sur coup, l’opposant a accusé les autorités d’avoir commandité son assassinat et désigné Vladimir Poutine comme le bénéficiaire direct d’un vaste système de corruption. De quoi extraire, un temps, la société russe de son habituelle atonie. Sur son compte Instagram, l’artiste moscovite Alisa Yoffe a chroniqué ces scènes de répression des manifestants par…