Le 5 juin 2020, un appel à participation artistique pour le projet de « mémorial en hommage aux victimes de l'esclavage » était publié par les ministères des Outre-mer et de la Culture. Celui-ci confirmait le vœu du président de la République de voir érigé dans le jardin des Tuileries « un lieu commémoratif et de transmission avec une dimension pédagogique forte, en lien étroit avec les associations et les fondations, parties prenantes ». Huit mois plus tard, et après une présélection de six artistes (Julien Creuzet, Gaëlle Choisne, Jean-François Boclet, Adrien Piper et Sammy Baloji en duo avec Emeka Ogboh), le projet est au point mort, alors que le lauréat ou la lauréate devait être désigné en janvier. La raison ? Un point de désaccord majeur concernant la présence sur le monument des 200 000 noms d’esclaves des anciennes colonies françaises, devenus citoyens en 1848. Selon des membres du comité d’orientation et de l’association mémorielle antillaise CM98, les artistes présélectionnés n'ont pas tous tenu compte de cet impératif. Or, souligne Julien Creuzet, « les artistes y ont réfléchi, mais les projets ne sont même pas encore connus ! » Contacté, Emmanuel Gordien, président de CM98, soutient que « la majorité des artistes ne fait pas apparaître les noms des affranchis : c'est une gageure, ça ne doit pas être un obstacle ! » Après une entrevue à l'Élysée le 3 février, un rendez-vous a été donné à l'association le 15 mars prochain au ministère des Outre-mer, qui nous informe que « le projet n'est pas remis en cause ». La Rue de Valois, de son côté, n'a pas répondu à notre demande d'entretien.