« Dès l'ouverture de l'audience des juridictions administratives ou judiciaires, l'emploi de tout appareil permettant d'enregistrer, de fixer ou de transmettre la parole ou l'image est interdit », récite l'article 38 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. On peut contrevenir à cette règle si les parties et le ministère public y consentent, mais, en pratique, les tribunaux sont devenus le lieu d'exercice d'une discipline originale, le croquis d'audience où continuent de s'illustrer des auteurs comme Noëlle Herrenschmidt au Monde (l'article 24 de la nouvelle loi sur la sécurité étendra-t-il le champ de la pratique ?). Il y a plus d'un siècle, en août 1899 à Rennes, le procès Dreyfus a été couvert de cette manière. Provenant de sa famille, une cinquantaine de feuilles du jeune Maurice Feuillet (1873-1968) – qui animera plus tard le Figaro artistique, mais qui officie alors pour l'hebdomadaire londonien Black & White – restituent l'ambiance. Les protagonistes défilent : Dreyfus et son épouse, le coupable Esterhazy, le courageux lieutenant-colonel Picquart, qui se battra pour la vérité contre sa hiérarchie, Henry, l'auteur du fameux « faux », qu'on retrouvera la gorge ouverte, Bertillon, l'inventeur de l'anthropométrie... La patte précise de Feuillet, à la pierre noire et au crayon bleu, redonne vie (avec des estimations contenues autour de 500 euros pour chaque dessin, mais 3000 euros pour Dreyfus) à un grand moment de l'histoire de la justice.
Vente chez Ivoire Nantes le 8 décembre.
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