C’est une tâche ardue que de faire un bilan objectif des foires en ce moment : la simple tenue d’un événement est déjà une réussite en soi… On serait donc tenté de pardonner une chute des ventes, qui semble d’ailleurs ne pas avoir eu lieu. On l’avait vu avec Art Paris et cela semble confirmé par les communiqués victorieux. Asia Now fait état d’un « très grand succès » et d’une « très belle fréquentation » (10 000 personnes avec une jauge bloquée à 300 personnes et un dimanche en moins, contre 19800 l’an dernier). Galeristes fait état de 8000 entrées contre 11000 en 2019. Dans les deux cas, la quasi-absence de galeries et de collectionneurs étrangers a amené à un renouvellement de la clientèle des exposants et des visiteurs, qui semble avoir eu des effets bénéfiques. Chez Galeristes, qui annonce quelque 500 ventes, les primo-acheteurs ont pu bénéficier de prix très attractifs (dès 300 euros) et de conditions de paiement souples (accompagnement financier par Bail Art permettant d’échelonner les paiements sur 60 mensualités). Provost-Hacker (de Lille) a déclaré une trentaine de ventes et Anne-Sarah Bénichou, qui revenait sur le salon, une dizaine, notamment des peintures de Yann Lacroix. Sur Asia Now, l’arrivée de grosses galeries (dont Perrotin, Obadia, Jaeger Bucher, Laffanour), la plupart frustrées de l’annulation de la FIAC, a fait monter le ticket moyen des ventes, qui s’est élevé jusqu’à 160 000 euros chez Templon. Tout semble donc prouver la résilience des petites et moyennes foires en format réel. Vont-elles tailler des croupières de manière permanente à leurs consœurs ou ne s’agit-il que d’un effet temporaire de vases communicants ? Seule une année normale permettra d’y voir plus clair mais l’apparition d’une nouvelle cohorte d’acheteurs est déjà à mettre à leur crédit.
3 500 euros
Ni Tanjung (galerie Yes, We Love Project, Galeristes)
L’Indonésienne Ni Tanjung, décédée cette année à un âge que l’on suppose proche de 100 ans, a eu une vie marquée par les deuils : un mari tué dans la répression anti-communiste et cinq enfants morts en bas âge. « Elle s’est réfugiée dans l’art, en dessinant d’abord sur des pierres, puis sur du papier ou du carton, monté sur une structure en osier identique à celle des marionnettes, ou wayang, explique Lucas Djaou, qui montrait ses créations à côté de celles de Maryan. Elle dormait le jour et peignait la nuit. Son œuvre, dont nous préparons le catalogue raisonné et qui est notamment représentée dans la Collection de l’art brut à Lausanne, a rencontré un vif…