Stéphane Corréard
Quel est l’ADN de Galeristes ?
Notre objectif est, depuis le départ, d’y défendre les galeries et que les collectionneurs s’y sentent chez eux. Il faut rappeler que 80 % du chiffre d’affaires des galeries se fait avec 8 ou 10 collectionneurs. Il est vital d’élargir ce premier cercle : que les galeries puissent passer de 8 à 10 (ou de 10 à 12) collectionneurs fidèles. Nous voulons créer de nouvelles vocations de collectionneurs, et favoriser les rencontres, en insistant sur les échanges et la convivialité, même en temps de coronavirus. Nous avons notamment mis en place cette année une sorte de café privé pour les galeristes et leurs invités. Ce que résument nos slogans, qui envisagent la situation sous un jour optimiste : « Venez attraper la collectionnite » ou, pour ceux qui l’ont déjà, « Venez assouvir votre collectionnite » ! Ou encore « Sans galeristes, la vie serait trop triste ».
En temps de restrictions réglementaires, justement, comment respecter les jauges ?
La jauge habituelle du Carreau du Temple est de 1500 personnes sur 1800 m². En 2019, nous avions reçu 11 000 personnes sur 4 jours. Cette année, nous devrons respecter les normes des manifestations culturelles, soit une jauge de 300 visiteurs à un instant T, hors équipe du salon et personnel des galeries. Cela sera notamment possible car la fréquentation des étrangers, à part ceux de quelques pays limitrophes, sera réduite... Nous avons dû renoncer au vernissage, notamment pour élargir les horaires consacrés aux VIP tous les jours de 10 h à 14 h (au lieu de 10 h à 12 h), et leur réserver la journée du jeudi, pour un meilleur confort des échanges. Pour le grand public, nous mettons en place une billetterie en ligne, avec créneaux horaires.
Cette édition a été évidemment plus difficile à bâtir que les autres…
Il faut reconnaître que nous avons été un peu prisonniers des décisions des autres. Entre Art Paris, sans cesse repoussé, et l’annulation tardive de la FIAC, certains de nos exposants fidèles ont longtemps hésité. D’autres ont aussi choisi de nous rejoindre à la dernière minute. En juin, nous avions 25 exposants confirmés. Nous en avons finalement 41. Notre engagement en faveur d’échanges locaux, pour un public de proximité, peut paraître visionnaire. Il est en réalité de pur bon sens, mais nous sert, il est vrai, de bannière de ralliement en cette période !
Comment pourrait-on mesurer le succès de Galeristes ?
Le succès se mesure au nombre de nouveaux collectionneurs que recrute un exposant, qu’il parvient à fidéliser, en les faisant venir à la galerie découvrir pleinement sa singularité. Cet indicateur est évidemment difficile à mesurer, même à distance d’un an. Je suis collectionneur depuis toujours, et j’ai été galeriste ; ainsi, j’ai pensé ce salon pour aider les galeries à se pérenniser et à se développer. L’organisation en découle (tarifs mesurés et forfaitaires pour les stands, entre 6000 et 16 000 euros tout compris, présentations des galeries écrites par des critiques d’art…), mais aussi le contenu artistique. Les galeristes sont libres de montrer ce qu’ils veulent, car il est essentiel que la rencontre avec le public se fasse sur la base de leur identité profonde. Nous n’intervenons donc pas dans leurs choix – sauf, évidemment, pour la section créée en 2019 sur l’Anthologie de l’art français. Nos exposants reviennent, c’est a priori qu’ils sont satisfaits…