Tandis qu'aux États-Unis et en Grande-Bretagne, la situation économique catastrophique des musées et centres d'art, due à la pandémie de Covid-19, a entraîné une série de licenciements massifs et une crise sans précédent du secteur, la situation française est différente : la tutelle de l'État ou des collectivités locales a permis aux équipes salariées des structures culturelles d'être relativement épargnées, grâce à la mise en place du chômage partiel et du télétravail – les galeries, à l'inverse, devant pour beaucoup réduire les effectifs, voire purement et simplement mettre la clé sous la porte. Or ces structures, dans le cas des arts plastiques en particulier, pâtissent déjà de problèmes structurels, pour certains présents depuis toujours (directions centralisées et nominations opaques, précarité), pour d'autres liés à une baisse régulière des subventions, entraînant la course aux financements, la pression des tutelles… et encore plus de précarité pour de nombreux travailleurs et travailleuses de l'art. La crise du Covid-19 a exacerbé ces problématiques, révélant notamment non seulement un manque de formation en management, mais aussi des employé.e.s ou indépendant.e.s démuni.e.s dès lors qu'il s'agit de faire valoir leurs droits.
Avec la crise, entreprises comme institutions publiques ont dû remettre en question leur fonctionnement. Angélique Gilbert, directrice des ressources humaines du Centre Pompidou affirme que « la nouvelle organisation du travail va de pair avec une réflexion sur le développement durable et les pratiques de déplacement, que ce soit la "mobilité douce", en encourageant le vélo, et la limitation des voyages internationaux, en privilégiant les visioconférences ». Certains agents du Centre Pompidou, comme beaucoup de salarié.e.s en cette période incertaine, questionnent même leur rôle, comme l'explique la DRH : « Nous avons reçu des demandes pour réanalyser certains postes, par exemple à l'accueil ou à la médiation, qui incluraient pour ceux-ci plus de temps de travail de préparation ou le fait d'être associés aux projets, pas seulement d'être "sur site". » Elle souligne enfin que « cette période est pesante pour les équipes. Les agents veulent reprendre mais ils sont inquiets de la manière dont les choses vont évoluer. Nous avons reçu quelques demandes de départ, mais cela concernait plutôt des personnes qui mûrissaient déjà un projet personnel ».
Selon Estelle, membre de La Buse — organisation pour la transformation sociale du travail dans les arts visuels, qui dialogue notamment avec le ministère de la Culture, les Drac ou les syndicats –, « les retours que l'on a concernent surtout les travailleurs et travailleuses indépendants de l'art, en grande difficulté. Les aides de l'État étant suspendues aux conditions de revenus, beaucoup n'y ont pas eu…