Né en 1940, pionnier de l'art vidéo en Italie, Fabrizio Plessi, bien qu'originaire d'Émilie-Romagne, est depuis longtemps Vénitien de cœur et de résidence. Il y a vingt ans, il avait déjà utilisé le cadre de la place Saint-Marc pour l'installation Waterfire. Comme Bill Viola, fasciné par la question des flux, il revient au même endroit et fait couler une pluie d'or sur les fenêtres du musée Correr. Voulue – qui s'en souvient – par Napoléon pour clore un espace parfait, cette quatrième aile de la place, est le réceptacle d'une œuvre symbolique, baptisée L'Età dell'oro (un « âge d'or » bien moins subversif que celui de Buñuel). L'or est éternel, l'eau renaît sans cesse et l'inscription Pax Tibi – « Que la paix soit avec toi », tirée de l'évangile de saint Marc, patron des lieux – invite évidemment à surmonter les souffrances du moment présent. Par un miracle optique, les photos faites de nuit avec les téléphones portables apparaissent blanches : l'or ne se manifeste qu'aux heureux élus qui auront fait le déplacement. L'acqua alta magnifierait la scène mais la réclamer serait sacrilège.
L'Età d'oro de Fabrizio Plessi, place Saint-Marc, Venise, jusqu'au 15 novembre.