Le Quotidien de l'Art

L'image du jour

George Loudon, une wunderkammer à Venise

George Loudon, une wunderkammer à Venise

La fascination des cabinets de curiosités – ou wunderkammer – perdure depuis la Renaissance. Et à mesure que notre civilisation entre dans une ère toujours plus technologique, supposément rationnelle voire infaillible, ces rapprochements d'objets bizarres semblent encore plus nécessaires : ils ont la vertu de faire disjoncter les circuits classiques de nos neurones. Un peu comme un contre-pied de Garrincha à la coupe du Monde 1958... Dans le cadre stupéfiant du Palazzo Grimani (avec son jardin peint au plafond, sa salle des statues, ses Tintoret), qui attira le roi de France Henri III lors de son séjour vénitien en 1574, c'est une autre collection que celle du célèbre cardinal Giovanni Grimani, depuis longtemps dispersée, qui est mise en avant. Après une introduction sollicitant des prêteurs comme la Ca' d'Oro, les Kugel ou le MAK de Vienne, les excentricités naturelles qui suivent – squelettes et écorchés, difformités anatomiques, os et mâchoires, reconstitutions botaniques en cire ou papier mâché – appartiennent à George Loudon, discret octogénaire néerlandais basé à Londres, où ses succès dans la finance lui ont permis de laisser libre cours à sa passion. Le commissaire Thierry Morel, avec la complicité du décorateur danois Flemming Fallesen, fait naître un musée idéal où nature et songe s'entremêlent indissolublement.

Article issu de l'édition N°2999