Drones survolant les sites de fouilles ou reconstitutions 3D spectaculaires : ces images sont presque devenues banales. Pourtant, elles sont récentes, nées en partie avec le drame des destructions du patrimoine syrien. À cette époque, la start-up Iconem, créée par l’architecte Yves Ubelmann en 2013, réalise la numérisation 3D des sites antiques en zone de conflit « afin de sauver numériquement et donner au grand public une accessibilité à ce patrimoine », explique-t-il. Un vœu exaucé en 2016 lors de l’exposition « Sites éternels. De Bamiyân à Palmyre » au Grand Palais, qui restituait cette fascinante exploration numérique. « En 2010, l’imagerie 3D était un domaine complètement étranger à l’archéologie », se souvient-il, alors qu’il vient de collaborer à l’exposition « Bâtir un Empire » au musée de la Romanité à Nîmes, permettant l’immersion numérique dans six grands sites méditerranéens. Les archéologues n’ont certes pas abandonné pelles et truelles mais la discipline épouse l’évolution scientifique de son temps et un nouvel horizon s’ouvre à elle, pluridisciplinaire et hautement technologique.
Au musée de Cluny, notre œil peut se promener à loisir dans le grain des reliefs du Pilier des Nautes grâce à un scan 3D qui restitue l’objet virtuellement et pourra servir à sa reconstitution. Pour la préhistoire, grottes et caverne ont désormais leurs répliques (celle de la Grotte Cosquer est prévue pour 2022) et leur visite avec casque de réalité virtuelle (celui de la Grotte Chauvet vient d’être conçu par Google Arts & Culture). Si ces projets de valorisation sont les plus visibles au grand public, en amont, au stade de l’étude, les nouvelles technologies se répandent aussi, et à tous les niveaux. « Ce qui est remarquable, c’est le scan et l’impression 3D pour les pierres et les mosaïques, qui permettent leur reconstitution ou leur reproduction », indique…