Quels sont les objets qui viennent immédiatement à l’esprit lorsque l’on parle de l’âge du Bronze en France (2200-800 av. J.-C.) ? Ailleurs, les images se bousculent : Stonehenge en Angleterre, le masque d’Agamemnon en Grèce ou celui de Toutankhamon en Égypte, le disque de Nebra en Allemagne, le char solaire de Trundholm au Danemark... Dans l’imaginaire collectif hexagonal, rien ne vient, alors que des chefs-d’œuvre sont conservés dans nos musées, comme l’illustrent les sept expositions dédiées au sujet actuellement, dont « Maîtres du feu », qui ouvre le 13 juin au musée d’Archéologie nationale (MAN) de Saint-Germain-en-Laye : le cône d’Avanton, le torque de Guînes, la dalle de Saint-Bélec, les cuirasses de Marmesse...
Tout part d’une idée reçue...
Lorsque les premiers objets en bronze sont mis au jour au XIXe siècle, la Grèce est érigée au fondement de la culture européenne, et Napoléon III est obsédé par les Gaulois, qu’il veut hisser au rang de « nos ancêtres ». Il recherche les traces de la bataille d’Alésia et inaugure le musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines en 1867, le MAN actuel. Il est alors inconcevable que les objets (épingles, armes...) trouvés en bronze – premier alliage métallique transformé par l’humain à partir de cuivre et d’étain – soient le produit d’une autre civilisation que celle des Gaulois. Alexandre Bertrand, premier directeur du musée d’Archéologie nationale, écrit d’ailleurs en 1861 : « Les Gaulois n’avaient, au temps de César, que des armes en bronze. »
Les débats sont alors fournis entre ceux qui rejettent l’existence d’un âge du Bronze en France, comme Alexandre Bertrand, et les défenseurs,…