Le Quotidien de l'Art

La culture : quel enjeu pour les municipales ?

La culture : quel enjeu pour les municipales ?
Vue nocturne de Lyon.
© Pedro Szekely.

De Paris à Villers-Cotteret, et de Romainville à Marseille, la culture est-elle un sujet porteur pour les candidats et candidates aux élections municipales ? Tour d'horizon, à une semaine du premier tour, le 15 mars prochain.

Paris : la culture de la communication ?

Globalement, les acteurs et actrices du secteur culturel parisien font le même constat : le sujet de la culture est peu débattu dans la course à la mairie de Paris. L’accès de tous et toutes à l’offre culturelle, la protection et restauration du patrimoine historique et cultuel, la précarité de nombre de travailleurs et travailleuses de ce secteur n’intéressent-ils pas les candidat.e.s à la mairie de Paris ? Ce n’est pas le sentiment de Christophe Girard, maire-adjoint à la culture depuis septembre 2018 : « Nous ne faisons pas une seule réunion publique sans que la culture ne soit mentionnée, nous assure-t-il. Elle est omniprésente et structurante pour Anne Hidalgo. » Nous apprenons par ailleurs que le budget culture devrait croître légèrement pendant la prochaine mandature en passant à 500 millions d'euros. C’est pourtant assez tardivement dans son calendrier de campagne que la maire sortante a présenté son programme culturel. Le 29 février, quelques jours après la candidate LREM Agnès Buzyn, Anne Hidalgo s’est emparée publiquement du sujet lors d’un meeting organisé dans le XIIe arrondissement de Paris au 100ecs, un établissement solidaire et culturel à deux pas du marché d’Aligre. Si peu de journalistes étaient présent.e.s pour couvrir l’événement, on pouvait apercevoir plusieurs personnalités venues en soutien ou par curiosité tels que le directeur du théâtre du Rond-Point Jean-Michel Ribes, le journaliste Serge Moati ou le directeur de la Maison Européenne de la Photographie Simon Baker. 

Bien qu’Anne Hidalgo ne l’ait pas évoqué lors du meeting, la question du patrimoine parisien, et de ses églises, est épineuse. « Je ne dis pas que la maire actuelle ne fait rien, tempête le secrétaire général de l'Observatoire du Patrimoine Religieux Maxime Cumunel au sujet de la conservation et restauration du patrimoine cultuel parisien. Je dis qu’elle fait insuffisamment. » C’est également l’avis de Pierre Liscia, tête de liste de Libre ! Paris (soutenue par Valérie Pécresse) dans le 18e arrondissement et dont la campagne est très tournée vers le sujet. Le candidat propose la création d’un label « Patrimoine d’intérêt parisien » en faveur de l’immobilier et du mobilier de la ville non protégés au titre des monuments historiques, et souhaite la mise en place d'un « plan patrimoine et musées » ainsi qu’un plan de sauvegarde des églises pour « mettre fin à la ruine des bâtiments et enrayer la décrépitude des œuvres qu’ils abritent et qui sont la propriété exclusive de la ville ». De son côté, la candidate Rachida Dati assimile le patrimoine parisien à la notion « d’identité » et s’insurge : « Le patrimoine parisien est en péril car la mairie de Paris, depuis des années, investit uniquement sur des monuments à renommée internationale ou qui sont dans des guides touristiques. Nous souhaitons restaurer, préserver notre patrimoine du quotidien, la tradition de Paris, l’identité de Paris, tous ces monuments que l’on croise à chaque coin de rue. » La cheffe de file de la liste « Dati pour Paris » l’affirme par ailleurs : en tant que maire du 7e arrondissement, elle a fait du patrimoine religieux et des églises sa priorité, « soit par le biais de contributions de mécènes ou grâce à des budgets participatifs » et promet de lancer un plan de restauration et de préservation du patrimoine si elle est élue maire de Paris et de défendre la restauration de la cathédrale Notre-Dame (dont Paris n’a pas la régie) à l’identique.

Interrogé à ce sujet, Christophe Girard rétorque que les sommes investies pour le patrimoine ont été de « 90 millions lors du premier mandat de Bertrand Delanoë, 65 millions lors de son second et 85 millions pour celui d’Anne Hidalgo ». Ainsi, depuis 2015 et le lancement du Plan Églises, l’actuelle mandature a mené à terme sept chantiers, dont la réfection de la façade sud de l’église Saint-Eustache (2,3 millions d’euros), celle de la façade d’entrée de l’église Saint-Augustin (4,8 millions d’euros) et la restauration complète de l’église Saint-Germain de Charonne (5,8 millions d’euros). « La somme dépensée de façon certaine par la ville de Paris est de 18 millions d’euros », affirme Maxime Cumunel. Pour le secrétaire général de l’Observatoire du Patrimoine Religieux, « la ville fait des travaux quand les monuments se cassent la figure. J’y vois un manque d’ambition, de stratégie et cela donne l’impression que les monuments subissent un lifting : on refait la façade principale mais pas les autres ». Les travaux de restauration de la façade principale de La Trinité (dont le coût prévisionnel est de 26 millions d’euros et la fin des travaux est prévue pour 2024) ou encore ceux concernant le…

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Article issu de l'édition N°1902