Parmi les nouveaux entrants, la foire avait compté en 2019 la Milanaise Raffaella Cortese. Attachée aux artistes femmes, celle-ci revient en 2020, l’année de ses 25 ans, avec 8 femmes artistes de générations et nationalités différentes, de Roni Horn à Allyson Strafella, en passant par Monica Bonvicini, qui vient de recevoir le prix Oskar Kokoschka. « C’est une occasion importante pour raffermir les liens avec la Suisse, qui compte des collectionneurs de grande qualité », explique la galerie. La capacité d’attirer de nouveaux marchands aguerris ou prometteurs est un indicateur significatif de qualité. Pour 2020, ce sont une dizaine de galeries qui font leur baptême du feu : Apalazzo, Campoli Presti, Massimo de Carlo, Von Bartha, Fabienne Levy, Dietrich & Schlechtriem, Lévy Gorvy, David Lewis, HDM, Loevenbruck, Applicat-Prazan, Antoine Laurentin… Si certains sont des poids lourds du marché, Fabienne Levy est encore sur son nuage puisqu'il s'agit de sa « première foire après seulement deux expositions ! » Elle confronte deux visions du monde à travers Andrea Galvani (dont les œuvres ont marqué l’inauguration de son espace à Lausanne en septembre dernier) et Vikenti Komitski (programmé jusqu'au mois de mars). Pour la galeriste, l'enjeu est de créer une dynamique entre Genève et Lausanne où elle prépare pour le mois de juillet le projet « Space invasion », avec des étudiants en art visuel d'universités de Suisse romande.
Outre l’ambiance et la qualité de sa programmation, la foire dispose d'un argument très pragmatique : la date. Comme le relève Franck Prazan, « caser une nouvelle foire est devenu la quadrature du cercle », lui qui participe déjà aux volets du triptyque Art Basel et du diptyque Tefaf, à la FIAC et à Frieze Masters, « des foires de destinations qui drainent un public qui se déplace du monde entier ». Ici, il est davantage question de travailler une clientèle locale, donc de proposer des artistes qui circulent moins dans ces grands rendez-vous, tels Martin Barré (135 000 euros), Jean-Pierre Pincemin (90 000 euros), Eugène Leroy ou Charles Lapicque (à partir de 65 000 euros).
Si elles courtisent les collectionneurs, les galeries s'intéressent aussi de façon plus large à l'écosystème régional. Il peut s’agir de rapprochements naturels avec leurs homologues suisses : Hervé Loevenbruck partage ainsi avec Hauser & Wirth l'Estate d'Alina Szapocznikow. Il peut aussi s’agir de sensibilité commune avec des institutions comme le MAMCO : le musée dédiera en février une exposition à Olivier Mosset, exposant de pointe du groupe BMPT. C’est l’occasion pour Loevenbruck de présenter Michel Parmentier (150 000 à 250 000 euros), un autre membre du groupe, auquel il vient de consacrer une monographie avec le typographe suisse Ludovic Balland et qu’il montre à côté de Dewar & Gicquel (30-60 000 euros). Venir à Genève est aussi une opportunité pour préparer le terrain d’Art Basel, à laquelle il participera également pour la première fois en juin.