Le Quotidien de l'Art

Marché

« Les expositions curatées sont notre marque de fabrique »

« Les expositions curatées sont notre marque de fabrique »
Thomas Hug et Laura Meillet, codirecteurs d'artgenève.
Photo Annik Wetter.

Thomas Hug

Comment se définit le cru 2020 d’artgenève ?

Cette année 2020 marque notre 9e foire et nous avons évidemment les yeux fixés sur la date anniversaire de 2021. Il nous tient particulièrement à cœur de conserver le format restreint du salon et l’atmosphère ainsi que la qualité de visite qui en ressort. Nous restons en dessous des 100 galeries, sans monter à 150 ou 200. C’est là notre marque de fabrique, en gardant suffisamment de place pour les espaces dédiés aux institutions et la présence d’expositions curatées. Cette année, nous avons un focus sur l’art vidéo et nous accueillons une dizaine de nouveaux exposants dont Lévy Gorvy, Applicat-Prazan, Massimo de Carlo ou encore Von Bartha. 

Vous n’avez pas reconduit la collaboration avec le PAD, pourquoi ?

Nous n’avions dès le début pas nécessairement considéré de réitérer cette collaboration sur le long terme. Nous jouons la carte de la nouveauté et du rythme, avec cette année une incursion importante vers l’art vidéo, en partenariat avec la foire pionnière dans ce domaine : LOOP Barcelona. L’idée est de nouer des ententes avec des salons spécialisés, en nous renouvelant régulièrement, tous les ans ou tous les deux ans – une fois sur le design, une autre fois sur la photo ou la vidéo – avec l’ambition d’amener ainsi de nouveaux mélanges de réseaux. Nous passons donc d’une offre assez traditionnelle – le design avec le PAD l’an dernier – à une approche plus prospective et visionnaire avec la vidéo en 2020. Au programme : aussi bien des projections de films de la collection du Centre Pompidou, qu’une installation de David Hockney, provenant d’une collection privée ou une magnifique pièce de Fischli & Weiss proposée par la collection Ringier.

Entendez-vous, en revanche, conserver l'accent sur les expositions curatées ?

Absolument, nous y sommes très attachés et ce dialogue entre le monde du marché et le milieu institutionnel est véritablement une singularité d’artgenève. Nous montrerons une vaste installation suspendue de Michael Craig-Martin présentée par la Royal Academy of Arts de Londres et Gagosian, le focus sur l’ICA de Milan, celui sur Plateforme 10 de Lausanne ou des sélections de différentes collections privées comme celles de Jean-Claude Gandur ainsi qu’une rétrospective de David Shrigley. Et il s’agit là de vraies expositions, pas simplement des stands documentaires. La présence du Consortium de Dijon me semble assez parlant pour les gens informés : c’est une institution très pure qui ne fait pas de foire habituellement ! Nous avons aussi les stands de solo shows pour les galeries qui souhaitent en présenter – 15-20 disséminés dans tout le salon, créant une forme de rythme entre les stands présentant plusieurs artistes et ces espaces plus focalisés.

Pourquoi ne pas grossir au-delà de 100 galeries ?

Nous souhaitons rester sous ce seuil, qui offre un véritable confort de visite, tout en maintenant un quota d’environ 25% de galeries régionales et nationales : nous ne voulons pas perdre l’ancrage local. C’est un format qui permet de rester généreux envers les autres acteurs, comme les institutions. Cela ne nous empêche pas de proposer les mêmes services que les plus grosses foires, notamment un programme VIP, qui est particulièrement important à Genève ! On y est plus réservé et ces visites donnent accès à des collections non accessibles autrement comme celles des banques – Pictet, Syz, Mirabaud, Société Générale, BNP Paribas et bien évidemment l’UBS, notre partenaire principal. 

Vous lancez un nouveau projet à Moscou, artmoscow/curated. Comment s’articule-t-il avec artgenève et artmontecarlo ?

Cela fait plus de deux ans que nous y travaillons, le temps de mûrir le projet et d’être bien entourés. Ce sont les galeries qui nous ont demandé d’y aller, l’art contemporain étant très présent à Moscou – pensez au Garage, au musée Pouchkine, à la fondation V-A-C et bien d’autres. Nous y serons sur un rythme différent des autres salons, dans une logique de pop-up mais toujours avec le souci d’événements soignés, d’un décloisonnement et d’un rapport étroit avec les collectionneurs et les institutions. Cette première édition véritablement curatée, « Flowing State », réunira du 21 au 24 mai quelque 25 galeries au Musée national d’architecture, en parallèle d’une foire spécialisée dans les maîtres anciens, le design et la joaillerie qui exploitera une autre partie du musée: Art & Jewels of the World. L’année suivante, nous planifions d’aller au Manège pour un salon plus traditionnel, également avec cette collaboration. Et nous alternerons sur ce mode, une année sur deux. Nous réfléchissons à d’autres événements dans cet état d’esprit dans d’autres villes du monde un peu plus tard, à partir de 2022.

Pensez-vous que la foire, à l’orée de ses 10 ans, est établie ?

C’est un peu délicat d’y répondre moi-même et ce serait prétentieux de l’affirmer, mais nous entendons régulièrement que les visiteurs en ont une bonne opinion – les 25 000 entrées en témoignent, un bon chiffre pour Genève  – et que les professionnels y travaillent bien puisque plus de 90% des galeries souhaitent y revenir. Le prix des stands reste contenu pour Genève, ce qui fait que les exposants ne se sentent pas obligés d’amener que du très cher. On peut trouver des tableaux au-delà du million d’euros mais tout aussi bien entre 10 000 et 50 000 euros et une offre solide pour les œuvres à 6 chiffres. Et je pense que la discrétion genevoise a du bon : une fois que les contacts sont pris, ils sont sur le long terme, solides, moins volatiles qu’ailleurs.

Thomas Hug, directeur d’artgenève.
Thomas Hug, directeur d’artgenève.
Photo Annik Wetter.
Deux œuvres de Mario Merz, dont un igloo, remplacent cette année le Skyscraperde Chris Burden comme installation spéciale dans la section artgenève/estates.
Deux œuvres de Mario Merz, dont un igloo, remplacent cette année le Skyscraperde Chris Burden comme installation spéciale dans la section artgenève/estates.
Photo Renato Ghiazza/Collection Merz.
La musique est
un élément important de la foire : après le concert au théâtre Goldoni pendant la Biennale de Venise (ci-dessus Annika Larsson, Satch Hoyt et Felix Gebhard), c’est au Victoria Hall, le 31 janvier, qu’ont rendez-vous une série d’artistes comme Saadane Afif, Pierre Huygue ou Raymond Pettibon.
La musique est
un élément important de la foire : après le concert au théâtre Goldoni pendant la Biennale de Venise (ci-dessus Annika Larsson, Satch Hoyt et Felix Gebhard), c’est au Victoria Hall, le 31 janvier, qu’ont rendez-vous une série d’artistes comme Saadane Afif, Pierre Huygue ou Raymond Pettibon.
Photo Giacomo Cosua.
La musique est
un élément important de la foire : après le concert au théâtre Goldoni pendant la Biennale de Venise (ci-dessus Annika Larsson, Satch Hoyt et Felix Gebhard), c’est au Victoria Hall, le 31 janvier, qu’ont rendez-vous une série d’artistes comme Saadane Afif, Pierre Huygue ou Raymond Pettibon.
La musique est
un élément important de la foire : après le concert au théâtre Goldoni pendant la Biennale de Venise (ci-dessus Annika Larsson, Satch Hoyt et Felix Gebhard), c’est au Victoria Hall, le 31 janvier, qu’ont rendez-vous une série d’artistes comme Saadane Afif, Pierre Huygue ou Raymond Pettibon.
Photo Giacomo Cosua.

Article issu de l'édition Hors-série du 29 janvier 2020