Sous 20 kilomètres de paille multicolore et entortillée et de cabanes renversées, Pascale Marthine Tayou nous fait entrer dans un monde en lévitation au-dessus de nos habitudes. Sur les cimaises tapissées de souvenirs du Cameroun, les masques africains décapés et grimés de lunettes Gucci, brosses à vaisselle et autre outils râpeux nous parlent des archives de la civilisation. Pour sa première exposition aux Caraïbes, l’artiste, accompagné de Jérôme Sans, erre au cœur de nos doutes : écologie, ritualisation des sociétés, construction identitaire… Le détail est roi. Les perles sont prisonnières d’un vulgaire empâtement de colle, une forêt de plastique noir est parsemée d’étoiles, le coloris chamarré adoucit le surgissement agressif de pieux acérés et de statues humaines. « À nous de faire en sorte que les nouvelles du monde ne soient pas toujours de mauvaises nouvelles », alerte l’artiste. En une centaine d’œuvres, il chante une ode à la vigilance optimiste et au bonheur clairvoyant.
Black Forest. Pascale Marthine Tayou. Fondation Clément. Martinique, jusqu’au 22 mars.
fondation-clement.org