Le Quotidien de l'Art

Expositions

À Tallinn, la nature s'expose en négatif

À Tallinn, la nature s'expose en négatif
Edith Karlson, Short Story, 2019, squelette de phoque et plastique.



Photo Paul Kuimet.

Le long de la mer Baltique, la ville de Tallinn est une petite capitale photogénique, mêlant vestiges de l’occupation soviétique et remparts médiévaux. Riche et complexe, l’histoire du pays est une source importante de réflexion pour les artistes et curateur.trice.s, comme le montre son Mois de la Photographie : jusqu’au 3 novembre, la capitale de l’Estonie vit au rythme de projections, conférences et expositions qui se font l'écho des angoisses liées à la crise écologique et interroge le passé de ce petit pays. Dans l’exposition « When You Say We Belong To The Light We Belong To The Thunder », que la curatrice Heidi Ballet a imaginée à l'EKKM, il y a beaucoup à lire : un extrait de Black Skin, White Masks de Frantz Fanon jouxte un bref texte de Tanel Rander dans lequel il explique le long processus d'indépendance de l'Estonie et de la Lettonie. Plus loin, des réflexions sur l'écologie et le racisme environnemental font face à une imposante broderie de l'artiste philippin Cian Dayrit, sur laquelle un arbre croît en une multitude de branches brodées des mots « dégradation écologique », « faim », ou « insécurité ». Très bien construite, l'exposition présente des artistes de générations et nationalités diverses : Ana Mendieta, Ana Vaz, Tristan Bera, Jonathas de Andrade ou encore l'Estonienne Edith Karlson. Parallèlement, le Tallinn Art Center présente l'exposition « Mercury » du Danois Simon Dybbroe Møller : il interroge de manière un peu confuse l'avenir de la photographie qui n'est, selon lui, plus qu'un point de référence. Un peu partout dans la ville, les musées consacrent une partie de leurs espaces à des artistes contemporains : le minuscule Kodumaa (musée de la photographie) présente une série du photographe Georgs Avetisjans dans laquelle il questionne des Letton.ne.s sur leur rapport à leur lieu de naissance tandis que l'historique cinéma Sõprus proposait la projection de films d'artistes. Mais le point névralgique de cette biennale est le flambant neuf Kai Art Center. Inauguré le 20 septembre dans un ancien hangar à sous-marins situé dans le quartier en pleine gentrification de Kalajama, ce hub abrite un centre d'art, une salle de cinéma, plusieurs restaurants et un bar à cocktail. Si, pour l'instant, seul le centre d'art est ouvert au public, sa directrice Karin Laansoo espère que les différentes activités proposées amèneront un public divers. Son exposition inaugurale, « Let the field of your attention... soften and spread out », est calée sur les cycles du soleil : « En fonction de l'heure à laquelle l'on visite l'exposition, celle-ci varie, explique Karin Laansoo. La lumière la réactive constamment. » Si l'idée est poétique, on reste un peu sur sa faim, les propositions artistiques d'Andrea Magnani ou Nele Suisalu ne parvenant pas à réchauffer cet immense white cube

Cian Dayrit, Tree Of Life In The State Of Decay And Rebirth, 2019. Textile brodé (en collaboration avec Henry Caceres).
Cian Dayrit, Tree Of Life In The State Of Decay And Rebirth, 2019. Textile brodé (en collaboration avec Henry Caceres).
Photo Paul Kuimet.
Marika Agu & Francisco Martínez, Greetings from Another Land and Another Time (détail), 2019, installation.
Marika Agu & Francisco Martínez, Greetings from Another Land and Another Time (détail), 2019, installation.
Photo Paul Kuimet.
Vue de l'exposition de Simon Dybbroe Møller  "Mercury" au Tallinn Art Center.
Vue de l'exposition de Simon Dybbroe Møller "Mercury" au Tallinn Art Center.
Karel Koplimets/Tallinna Kunstihoone.
Vue de l'exposition de Simon Dybbroe Møller  "Mercury" au Tallinn Art Center.
Vue de l'exposition de Simon Dybbroe Møller "Mercury" au Tallinn Art Center.
Karel Koplimets/Tallinna Kunstihoone.
Kai Art Center, Tallinn.
Kai Art Center, Tallinn.
Photo Marine Vazzoler
EKKM, Tallinn.
EKKM, Tallinn.
Photo Marine Vazzoler

Article issu de l'édition N°1819