En novembre 2013, le groupe Fagor-Brandt, producteur d’électro-ménager, annonce son dépôt de bilan. Malgré plusieurs reprises, plus de 200 salariés sont laissés sur le carreau. Dans toute la largeur de la façade de l’ancienne usine Fagor de Lyon, désertée par les ouvriers, se déploient aujourd’hui, à l’occasion de la 15e Biennale de Lyon, les mots « Warm in your memory », tracés en majuscules par le street artist américain Stephen Powers, tandis qu’un chien remue la queue, réclamant sa pitance. Souvenir chaleureux… ? On plaidera la maladresse, mais l’œuvre de façade, tout comme les multiples tags dont le bâtiment, sépulture de la classe ouvrière, a été recouvert et que l’on retrouvera à foison sur Instagram cet automne, laissent un goût amer avant même de pénétrer dans l’exposition : la mémoire, ici, est plutôt niée que ravivée.
Certes, demander aux artistes de réagir au lieu – souhait formulé par les sept curateurs et curatrices du Palais de Tokyo en charge de la Biennale et qui se traduit par une quasi totalité de nouvelles productions (lire notre entretien…