Emmener les enfants au musée, une perte de temps ? C’est ce qu’affirmait, provocateur, l’artiste britannique Jake Chapman dans un entretien donné en 2014 au journal The Independant. Il serait, selon lui, « arrogant » de la part des parents de penser que leurs bambins puissent comprendre les œuvres de Francis Bacon ou Mark Rothko. Un scénario très proche de celui du jeu « Mission Zigomar », mis en ligne en 2014 par Paris Musées : « Dans ce jeu, le méchant Zigomar a décidé que l’art n’est pas pour les enfants et il dérobe les œuvres à leur regard », explique Philippe Rivière, directeur adjoint au développement des publics et chef du service numérique de Paris Musées. L’histoire est simple : la jeune Gab, son petit frère et un ami, qui ont fui, par ennui, une visite scolaire des catacombes, doivent affronter Zigomar et récupérer les œuvres volées aux musées parisiens. « Ce jeu a eu une bonne réception auprès des 6-13 ans, se réjouit Philippe Rivière. Avec cette opération, Paris Musées voudrait autonomiser les jeunes, développer leur intérêt pour la culture et, pourquoi pas, en faire des futurs visiteurs des musées parisiens. » Mais quel.le.s sont ces enfants et adolescent.e.s qui vont au musée en dehors du temps scolaire, en famille ou avec des ami.e.s ?
La région parisienne et… le reste
S’il est indéniable que les musées ont fait de gros efforts ces dernières années pour fidéliser un public jeune et développer l’offre culturelle sur tout le territoire, certaines zones, urbaines périphériques ou rurales, restent encore éloignées des équipements. Martin a 15 ans et vit à Loctudy, dans le sud du Finistère, avec ses parents et sa petite sœur. Il affirme être allé quelques fois au Musée des Beaux-Arts de Quimper mais jamais à la Fondation Édouard Leclerc de Landerneau, près de Brest, à plus d'une heure de route en voiture. Difficile, dans cette situation, de visiter une exposition sur un coup de tête. La question de la mobilité est de fait centrale dans l’accès démocratique aux équipements culturels et nécessite un travail de fond sur les réseaux de diffusion culturelle itinérants.
Cela, Ingrid Brochard l’a compris depuis plusieurs années. Il y a dix ans, la femme d’affaires a fondé le Musée Mobile (MuMo) en partant d’un constat évident : l’offre culturelle entre les…