Le Canada a son Caillebotte. Depuis samedi, Iris bleu (1892) est accroché à Toronto au musée de l’Ontario. Mettant un terme à deux ans et demi de saga judiciaire, il a été acheté pour quelque 1,2 million de dollars canadiens (environ 800 000 euros) au marchand londonien Richard Green. La cour d’appel fédérale a interdit en avril la sortie de ce tableau à l’« importance exceptionnelle » pour le patrimoine. Richard Green l’avait acquis en 2016 aux enchères à Toronto pour 678 500 dollars. L’exportation en avait été suspendue, mais la maison de ventes Heffel objectait que cette création française, venue d’Europe dans les années 1960, ne justifiait pas de lien avec le « patrimoine national du pays ». Un juge lui avait, dans un premier temps, donné raison. « Le Canada est un pays qui s’est formé sur une grande variété de traditions culturelles », lui a-t-il été répondu pour, finalement, annuler son jugement. Nathalie Bondil, du musée de Montréal, avait pris la tête de neuf musées et bibliothèques pour lancer ce recours. Le risque pour eux était de perdre tous les avantages fiscaux liés aux dons et acquisitions des trésors de l’Antiquité à l’art moderne, dès lors que leur ancrage « national » ne serait pas démontré. Dans la dernière loi de finances, le chapitre des déductions fiscales pour dons a été révisé en éliminant la relation avec l'histoire nationale.