En 2015, à l’occasion des 10 ans de la loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap », le Sénat lançait un groupe de travail sur l’accès à la culture des personnes en situation de handicap. Relevant qu’il n’était, dans ladite loi, pas fait mention de l’accès à la culture des personnes concernées, les sénatrices Nicole Duranton et Brigitte Gonthier-Maurin faisaient le point sur les progrès, mais aussi sur les lacunes qui persistent dans ce domaine dans l’offre culturelle française. Ainsi, si depuis près de 20 ans beaucoup de musées se sont efforcés d’accroître leur médiation à l’égard des publics dits « empêchés », se sont dotés de « pôles handicap » et ont aménagé leurs espaces afin qu’ils soient accessibles à tou.te.s, en 2017 encore 61 % des personnes en situation de handicap continuaient de trouver difficile l’accès à la culture au sens large (chiffre issu de l’étude réalisée entre le 3 avril et le 17 mai 2017 par le groupe Malakoff Médéric). Et pour cause : certains espaces d’exposition ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite, tous les musées ne proposent pas de visites en langue des signes française (LSF), ne disposent pas de galerie tactile ou n’ont pas de médiation à destination de personnes en situation de handicap mental ou psychique.
Au musée, mieux vaut marcher que rouler
Anne-Charlotte Berthier le confirme : il y a quelques semaines, son fils Hippolyte et elle n’ont pas pu aller visiter le château de Monte-Cristo. « En général, lorsque les musées sont accessibles physiquement, c’est relayé sur leur site, explique la fondatrice de l’agence Up Culture et membre de l’association Mom’Art. Sur celui du château de Monte-Cristo il était écrit "peu accessible, nous contacter". C’est ce que j’ai fait et, en effet, il faut monter six marches pour accéder au château. Six marches, avec le fauteuil d’Hippolyte, c’est impossible et comme le château ne possède pas de fauteuils manuels non plus, nous avons dû changer nos plans de visite. » Si le personnel du musée a tenté de trouver des solutions au téléphone avec Anne-Charlotte Berthier, mère et fils ont préféré renoncer à la visite : « Ils proposaient de porter Hippolyte et son fauteuil. Mais ils ne se rendent pas compte : c’est un fauteuil électrique qui pèse 200 kilos. Quand il était plus jeune, c’était différent, le fauteuil était plus léger et il nous est régulièrement arrivé de devoir le porter. Aujourd’hui, c’est impossible, il faut l’accessibilité totale à Hippolyte. » Ainsi, en amont de chacune de leurs visites, Anne-Charlotte Berthier et Hippolyte se renseignent sur…