Incontournable figure de la culture littéraire gay et queer des années 1990, l’écrivain Guillaume Dustan (1965-2005), qui n’a cessé d’éprouver et de radicaliser son écriture à travers sa vie, est salué ces temps-ci par divers événements. Sa démarche d’« autofiction pornographique » peut être identifiée comme une écriture de soi, participant de sa construction et assumant son caractère « situé » (dans un corps, une sexualité et un milieu socioculturel). Le passage du temps permet de dépasser les seules polémiques pour regarder ses 17 films inédits, présentés à Paris au cinéma le Luminor et au Centre Pompidou, ainsi qu'à Treize (24, rue Moret dans le XIe), jusqu'au 30 juin. Tournés sur le vif entre 2000 et 2004, à Paris dans son appartement ou celui de ses amis et amants, ou dans un squat queer à Londres, ils parlent d’amour, de sexe et de philosophie. La reconnaissance du travail pionnier de Guillaume Dustan en tant qu’éditeur, avec la collection « Le Rayon », chez Balland, introduisant les études de genre en France (Sam Bourcier, Paul B. Preciado), la réédition de son œuvre chez P.O.L et la découverte de ses films par une nouvelle génération devraient permettre de réécrire une histoire méconnue qui a largement contribué aux débats actuels dans le champ de l’art.