Depuis cinq ans, les expositions célébrant les héritages LGBTQIA+ se multiplient, qu'elles adoptent un angle historique comme « Homosexuels et lesbiennes dans l'Europe Nazie » au Mémorial de la Shoah ou une approche artistique, comme « Habibi » à l'Institut du monde arabe et « Over the Rainbow » au Centre Pompidou. Certaines abordent la thématique en périphérie d'un autre sujet, comme « À nos amours » en ce moment au musée des Confluences, « Electro » à la Philharmonie, ou encore les trois expositions consacrées au VIH/sida au Mucem, au Palais de Tokyo et au Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS). D'autres enfin évoquent le sujet à travers des artistes emblématiques des cultures queer : Peter Hujar au Jeu de Paume, Frida Kahlo à Galliera ou encore Zanele Muholi à la Maison européenne de la photographie.
Orphée Lamotte, élève conservateur à l'Institut national du patrimoine et l'Institut national des études territoriales, a coorganisé la journée d'étude « Trouble dans le patrimoine ? », le 30 avril. Pour lui, le constat est sans appel : « Quand on regarde ce qui se fait aujourd'hui sur le sujet, il s'agit principalement d'événements ponctuels, comme ces expositions temporaires où un collectif drag est invité pour la Nuit des musées au musée Sainte-Croix de Poitiers. Mais qu'en est-il du pérenne, et notamment des acquisitions ? Où sont les parcours permanents qui racontent l'histoire et les cultures LGBTQIA+ ? »
Des collectes et acquisitions encore timides
Le musée national de l'Éducation (Munaé), à Rouen, a mis place une collecte mentionnant explicitement ces questions, et récolte depuis 2017 des documents qui témoignent des luttes contre les LGBTphobies dans l'éducation. La collecte a donné lieu à une exposition en 2019, sous la forme de huit panneaux empruntables et consultables sur le site du musée. Deux champs spécifiques, « éducation à la santé et sexualité » et « lutte contre les discriminations », ont été ajoutés au plan de classement.…