Le Quotidien de l'Art

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La Biennale de Lyon 2019 fera des vagues 

La Biennale de Lyon 2019 fera des vagues 
Les Usines Fagor.
© Blaise Adilon.

Deux ans après « Mondes flottants », titre de la Biennale de Lyon curatée par Emma Lavigne, l'édition 2019, qui ouvrira au public le 18 septembre prochain, file une nouvelle fois la métaphore aquatique avec un titre – « Là où les eaux se mêlent » – clin d'œil à la géographie de la ville entre Rhône et Saône. La comparaison avec la biennale concoctée par l'équipe curatoriale du Palais de Tokyo (Daria de Beauvais, Yoann Gourmel, Claire Moulène, Adélaïde Blanc, Matthieu Lelièvre, Vittoria Matarrese et Hugo Vitrani), aujourd'hui sans direction après la fin du mandat de Jean de Loisy, s'arrête là. La relative confidentialité de la liste d'artistes annoncés l'en distingue d'abord fortement. Et alors que la manifestation investit cette année encore le musée d'art contemporain, dirigé désormais par Isabelle Bertolotti suite au départ en retraite de Thierry Raspail, initiateur de la Biennale en 1991, il y a une grande nouveauté : les silos de la Sucrière sont abandonnés au profit des 29 000 m2 des halles des anciennes usines Fagor-Brandt, dans le quartier de Gerland – un ilôt issu du spectacle Crash Park du metteur en scène Philippe Quesne y accueillera les visiteurs comme lieu de parole. « Les halles portent les vestiges de l’action humaine, avec des machines oubliées et des sols polluées. Cela a permis de réfléchir à la biennale en termes de paysage, les œuvres investiront l’espace sans aucune cloison, explique Yoann Gourmel. Cette notion de paysage n’est plus celle d’une nature extérieure à l'humain ; celui-ci n’est qu’une composante dans l’ensemble de relations avec le vivant, qu’il soit végétal, animal ou bactériologique ». Un programme à la fois subtil et amibitieux, où les propositions artistiques sont envisagées comme des vagues glissant les unes sur les autres et tiennent compte notamment du contexte socio-économique de la région. « Ce paysage est aussi économique, poursuit Yoann Gourmel, car le site déserté incarne la violence et les impacts sociétaux des mutations induites par le "capitalocène" ». De nombreuses œuvres de cette « biennale de production » auront été réalisées avec des entreprises du bassin lyonnais (une promesse de Jean de Loisy cependant revue à la baisse), parmi les projets in situ des 55 artistes de tous âges, à parité hommes-femmes, et pour un tiers français.e.s. Parmi eux, on y verra les mutations des Autrichiennes Ashley Hans Scheirl et Jakob Lena Knebl, le Portail de l'Oracle de l'Américaine Shana Moulton, les surimpressions du Français Stéphane Calais, les alchimies de la Suissesse Pamela Rosenkranz et de la Sud-Africaine Bianca Bondi, les Fantasmes mammifères de Dewar et Gicquel, ou encore les machines renaissantes du Français Léonard Martin. À l'image de la grande installation Supportive de Gustav Metzger (rare œuvre préexistante, empruntée au MAC), cette Biennale de Lyon s'annonce en perpétuelle métamorphose, comme les infinies épousailles des confluents. 

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