L’art contemporain s’est emparé de thématiques politiques et environnementales, on le sait depuis longtemps. Le créateur indien Amar Kanwar (né en 1964) témoigne dans ses films (notamment The Sovereign Forest) des conflits violents pour la terre dans l’État d’Odisha (ex-Orissa), dans l’est de l’Inde, où les agriculteurs sont confrontés aux usines d’aluminium, aux combinats de l’acier sud-coréens ou à la soif d’espace du géant industriel Tata. Dans l’installation qui a été inaugurée hier au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, il a rassemblé les actes de procès de l’assassinat du leader syndical Shankar Guha Niyogi. Mais il présente aussi une dialectique de l’espoir. Dans une pièce plongée dans la pénombre, sur un fond noir, 272 petits réceptacles présentent autant de trésors dorés : des variétés de blé, depuis longtemps mises sous le boisseau par les multinationales des céréales et qu’un agriculteur local, Natabar Sarangi, a patiemment ressuscitées. C’est une Seed Vault (du nom de la banque de graines de l’archipel du Spitzberg, en Norvège) fragile et constamment menacée, gage de diversité, donc de résistance. Beaucoup de blé… Cela aidera-t-il à sortir les paysans de la spirale infernale de la pauvreté ?
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