« C'est un endroit précis, car je travaille à partir d'archives et de photographies. Mais il y a plein de lieux comme celui-ci, qui subissent le même massacre en Amazonie ! » Marcelo Brodsky, en pull multicolore, la tignasse blanche ébouriffée, jeune septuagénaire mais éternel rebelle, détaille sur le stand de Rolf Art Minería en Amazonia – à base de photographies documentaires retravaillées à la peinture. Lancé avec Fernando Bryce, son projet « Territorios » dresse un état des lieux de la destruction environnementale du poumon de la planète : déforestation à grande échelle, exploitation des richesses, abus sur les populations locales. Alors que les foires d'art ne font généralement pas beaucoup de vagues en matière de politique, on a l'impression que cette édition d'ARCO marque un tournant : les artistes (et les galeristes) sont de plus en plus nombreux à se saisir de sujets brûlants. La foire avait déjà une tradition établie dans l'iconoclasme. On se souvient des interventions polémiques de Santiago Sierra (dont l'œuvre Presos políticos en la España contemporánea avait été retirée du stand de Helga de Alvear en 2018) ou d'Eugenio Merino (Franco dans un réfrigérateur en 2012, un mannequin à brûler du roi Felipe VI sur le stand d'Ida Pisani en 2019), deux trublions qui restent actifs : Merino présentait notamment cette année chez ADN White Washing (22 000 euros), une machine à laver pour 16 assiettes autoritaires, portant les effigies de Donald Trump, Elon Musk, Giorgia Meloni ou Marine Le Pen. Mais il ne s'agit…
ARCO, la foire qui aime la politique

© Courtesy Rolf Art Gallery.
Ce n'est pas la plus profitable, mais l'une des plus fréquentées (95 000 entrées) parmi les foires du monde. Elle le doit à la variété de l'offre – notamment venant d'Amérique latine –, mais aussi au caractère engagé de nombreux stands.