Elle a fait son effet… Peut-être moins qu’à l’édition 1983 d’ARCO, où elle provoqua le scandale sur le stand de la galerie Seiquer, mais tout de même… La sculpture Manuel, due à Rodrigo (né à Tanger en 1950), montre un homme nu enlacé par un autre, dans une fusion électrique des corps. Une ode à l’homosexualité qui, dans une Espagne à peine sortie du franquisme et de ses préceptes moraux rigoristes, était particulièrement sulfureuse. José de la Mano l’a retrouvée et mise en bonne place sur son stand. « Elle avait été achetée par un collectionneur américain. Lorsqu’il est mort du sida à la fin des années 1980, son compagnon l’a rendue à l’artiste, sachant combien celui-ci y était attaché. Depuis, Rodrigo l’a toujours gardée au pied de son lit et accepte de la montrer pour la première fois au grand public. »
Chez le peluquero de Valence
C’est le clou d’un stand parfaitement curaté, centré sur une thématique audacieuse : l’art homosexuel pendant la transition démocratique – une pratique d’abord à moitié clandestine qui n’allait s’épanouir que plus tard, pendant la Movida, notamment dans les bars du quartier madrilène de Chueca. « Sous Franco, si un enfant montrait des tendances homosexuelles, il n’était pas rare qu’on le "soigne" avec des électrochocs. C’est ce qui est arrivé à Julujama, un autre des artistes que nous montrons. » Né en 1952, Julujama pourrait être encore actif, mais sa carrière ne s’est étendue que sur la décennie 1970… À côté de Costus, Carlos Forns Bada (dont la mairie de Madrid a acquis trois œuvres pour quelque 40 000 euros) et Roberto González Fernández, qui…