Le Quotidien de l'Art

Expositions

Vu en région Occitanie

Laura Lamiel, "Passageway", 2016.
Laura Lamiel, "Passageway", 2016.
Photo François Salmeron.
Laura Lamiel, Sans titre, photo-miroir. 2018.
Laura Lamiel, Sans titre, photo-miroir. 2018.
Photo François Salmeron.
Laura Lamiel, "L'espace du dedans", 2019.
Laura Lamiel, "L'espace du dedans", 2019.
Photo François Salmeron.
Lourdes Castro, vue de l'exposition « Ombres et compagnie » au Mrac de Sérignan.
Lourdes Castro, vue de l'exposition « Ombres et compagnie » au Mrac de Sérignan.
Photo François Salmeron.
Lourdes Castro, vue de l'exposition « Ombres et compagnie » au Mrac de Sérignan.
Lourdes Castro, vue de l'exposition « Ombres et compagnie » au Mrac de Sérignan.
Photo François Salmeron.
Lourdes Castro, "Sombras Deitadas".
Lourdes Castro, "Sombras Deitadas".
Photo François Salmeron.
Lourdes Castro, "Sombra projectada".
Lourdes Castro, "Sombra projectada".
Photo François Salmeron.
Ulla Von Brandenburg, vue de l'exposition « L’hier de demain » au Mrac de Sérignan.
Ulla Von Brandenburg, vue de l'exposition « L’hier de demain » au Mrac de Sérignan.
Photo François Salmeron.
Ulla Von Brandenburg, vue de l'exposition « L’hier de demain » au Mrac de Sérignan.
Ulla Von Brandenburg, vue de l'exposition « L’hier de demain » au Mrac de Sérignan.
Photo François Salmeron.
Ulla Von Brandenburg, vue de l'exposition « L’hier de demain » au Mrac de Sérignan.
Ulla Von Brandenburg, vue de l'exposition « L’hier de demain » au Mrac de Sérignan.
Photo François Salmeron.

Laura Lamiel

CRAC de Sète

Archéologie de l’intime

Pour sa première exposition à la tête du CRAC Occitanie, la directrice Marie Cozette invite Laura Lamiel (née en 1948) à investir la totalité du lieu. Représentée par la galerie Marcelle Alix (Paris), l’artiste propose un parcours déconcertant, entre les installations minimalistes du rez-de-chaussée et les dessins expressionnistes de l’étage, où les clés d’interprétation, pour le visiteur, se font ténues. Produites pour la plupart à cette occasion, les pièces de Lamiel apparaissent comme un travail in situ, à l’image de L’Espace du dedans, qui a nécessité cinq semaines pour construire un faux plancher sur l’asphalte du centre d’art. Entre lumière et obscurité, couleurs chaudes et matières froides, on sera tenté d’y lire une archéologie de l’intime, voire un véritable processus psychanalytique où l’artiste creuse littéralement l’espace et nous égare dans des jeux de miroir pour mieux fouiller sa mémoire, se dédoubler (comme l’initiale de son personnage fictif, W) et appréhender en elle, peut-être, des traumas enfouis. 

Lourdes Castro

MRAC de Sérignan

Les ombres portées de Lourdes Castro

Avec cette première exposition européenne dédiée à l’artiste portugaise Lourdes Castro (née en 1930, installée à Madère), la commissaire Anne Bonnin nous convie à une belle découverte. Fuyant le salazarisme, Lourdes arrive à Paris en 1958 où, avec son compagnon René Bertholo, elle fréquente Pierre Restany. Si ses premières pièces s’inscrivent sans grande originalité dans le droit fil des assemblages d’objets des Nouveaux Réalistes, elle découpe des jeux d’ombres portées sur Plexiglas, déclinant ce matériau industriel dans des tonalités pop (1964-1970). À travers des poses quotidiennes (café, cigarette, embrassades…), elle se fait la portraitiste du Paris artistique de son temps. Alors très branchée – elle expose à l’Indica Gallery de Londres avec Yoko Ono –, elle abandonne pourtant cette voie et se consacre aussi à la sérigraphie, à la poésie et à l’édition de la revue internationale KWY. La fin du parcours offre des pièces bouleversantes : collages à partir d’emballages de chocolat, ombres portées de bouquets de fleurs, draps brodés esquissant des corps allongés, herbiers en photogramme… où chaque motif semble sur le point de s’évanouir.

Ulla Von Brandenburg

MRAC de Sérignan

Un théâtre en suspens 

Nominée pour le prix Duchamp 2016, Ulla Von Brandenburg a multiplié les expositions internationales ces dernières années, notamment à la Whitechapel Gallery de Londres et à Vevey. À l’étage du musée, elle réemploie des tissus monochromes, exposés en 2018 à Hambourg, pour constituer un décor de théâtre où flottent tables, archives personnelles, aquarelles dégoulinantes – mais qui nous laisse une drôle d’impression de vide. Ces grandes toiles de coton, teintées au pochoir, imitent en effet les traces qu’auraient laissées des tableaux décrochés de leur mur et donnent le ton d’un accrochage où tout devient fantomatique. L’ensemble révèle un effort considérable de mise en scène, où les tissus ont été réadaptés aux dimensions du lieu pour dessiner un parcours sinueux en six chapitres, parsemé de projections vidéo super 8. Mais que reste-t-il à découvrir derrière le rideau ? Au-delà des références au carnaval et au spiritisme, où les corps apparaissent comme des faux-semblants ou des ectoplasmes entre présence et absence, la scène demeure déserte… soit le symbole d’un monde moderne désincarné ? 

Article issu de l'édition N°1664