Le Quotidien de l'Art

Rififi dans le marché de la bande dessinée

Rififi dans le marché de la bande dessinée

Le marché des planches originales de bandes dessinées, jusque-là en plein essor, connait un coup d’arrêt. Depuis 2016, le chiffre d’affaires des enchères en France a été divisé par cinq. En cause notamment, le manque de transparence, révélé par les affaires Edgar P. Jacobs et Uderzo.

« J’ai décidé, afin d’éviter la dispersion anarchique de mon œuvre ou la mainmise sur celle-ci par certains affairistes de la bande dessinée, d’en confier la garde à une fondation que j’ai dotée d’un capital de 200 000 francs belges ». Quelques mois après avoir couché ces mots dans son testament en décembre 1986, Edgar P. Jacobs, créateur des héros de papier Blake et Mortimer, meurt l’esprit tranquille, sa fondation créée et ses originaux à l’abri dans une banque bruxelloise. Las, trois décennies plus tard, fin 2017, le quotidien belge Le Soir révèle que 200 de ces originaux se seraient évaporés, tandis que la police belge démarre son enquête. À l’automne dernier, Éric Leroy, responsable du département BD d’Artcurial, Daniel Maghen, galeriste et expert chez Christie’s, ainsi qu’un galeriste belge sont perquisitionnés. De son côté, Philippe Biermé, ancien président de la Fondation Jacobs, est mis en examen en Belgique, soupçonné d’abus de confiance et de blanchiment (lire le Quotidien de l'Art du 31 janvier).

L’affaire n’a pas manqué de jeter un froid dans le marché des originaux de bandes dessinées. Ce commerce, né discrètement dans les librairies au cours des années 1970, s’est infiltré chez Drouot et dans des galeries spécialisées la décennie suivante, avant de gagner en visibilité en 2007 grâce à la vente d’Artcurial consacrée à Enki Bilal (1,3 million d’euros), puis d’être capté par les auctioneers anglo-saxons en 2014. En quelques décennies, les planches originales, traditionnellement considérées non pas comme des œuvres, mais comme la matrice d’un livre et jugées sans valeur, voient leur prix bondir, à la faveur de l’évolution des goûts, du long processus de légitimation artistique de la BD et de l’accession à l’âge adulte d’une génération nostalgique de ses lectures d’Astérix, Spirou ou Tintin. Symbole de cette montée en puissance, le record de la page de garde de Tintin, adjugée 2,6 millions d’euros chez Artcurial en 2014. 

L’affaire Jacobs n’est pas la seule à avoir lézardé ce bel édifice. Alors que le chiffre d’affaires des ventes liées au 9e art était évalué…

Rififi dans le marché de la bande dessinée
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Article issu de l'édition N°1662