« Nous recevons plus de 2000 dossiers de candidature et ne retenons que 23 artistes pour deux ans de résidence », annonce Emily Pethick, directrice de la Rijksakademie d'Amsterdam. La résidence artistique est la plus convoitée par les artistes du monde entier en raison de son efficacité à jouer un rôle de tremplin dans les carrières internationales. Pourquoi cette réussite ? Pour l'ex-responsable de The Showroom à Londres, la clé est l’importance accordée à toutes les étapes, du processus de sélection jusqu’aux très courus Open Studios de novembre, qui attirent des centaines de curateurs, responsables d’institutions ou galeristes. « Le jury est composé à plus de la moitié par des artistes au regard particulièrement affiné (dont Isabelle Cornaro ou Aernout Mik, ndlr), poursuit Emily Pethick. Nous invitons des curateurs, théoriciens et scientifiques de différentes générations et nationalités pour des visites individuelles d’atelier. Il y a des séminaires, des voyages et des workshops initiés parfois par les résidents. C’est un écosystème très international et engagé d’un point de vue critique. L’institution doit refléter la diversité du monde qui l’entoure : il n’y a pas de limite d’âge, ni d’obligation de diplôme. Je développe un travail en réseau avec d’autres résidences pour trouver une écologie entre le local et le global : RAW Académie à Dakar, Maumaus à Lisbonne, Home Workspace Program à Beyrouth, Independent Study Program du Whitney à New York, PEI du MACBA à Barcelone, Gudskul à Jakarta ou Open School East à Margate ». Avec des bourses annuelles de 12 800 euros (hors budget de production), le programme de la Rijksakademie, évoquant celui d’un post-diplôme, hérite aussi de son histoire. L'école d’art (par où sont passés Piet Mondrian ou Karel Appel) a été entièrement refondée dans les années 1980 : fini les cours, les enseignants ont été remplacés par des intervenants internationaux. Mais la réputation de cette résidence est surtout dûe à la part active qu'elle a prise dans les débats esthétiques récents : des pratiques post-conceptuelles des années 2000, cherchant des lectures alternatives de la modernité, au tournant post-internet, où le virtuel s’imbrique dans une dimension matérielle, en passant par l’actuelle perception politique des identités. Par ailleurs, la Rijksakademie a gardé une infrastructure de production avec des…
Résidences d'artistes : les nouveaux foyers d'effervescence
Les résidences d'artistes connaissent un bouleversement historique. Bourses, programmes de recherche, focus sur la diversité et le débat d’idées renouvellent leur modèle, entre action locale et rayonnement international.