Le Grand Paris est un roman. Très tôt, Aurélien Bellanger en a acquis la conviction et a perçu la nature profondément littéraire du projet, qui promettait de faire entrer la « ville lumière » dans une autre dimension. « Paris était devenue provinciale et le nom d’un certain kitsch artistique, explique l’écrivain, auteur d’un roman opportunément titré Le Grand Paris, publié en 2017 chez Gallimard. C’était aussi un objet touristique qui vivait un peu à crédit sur son fantasme. Mais le Grand Paris, c’est l’équipe de France de foot, un visage plutôt agréable de ce qui pourrait être une réussite en termes économique et d’intégration. C’est un coup intéressant à jouer pour une ville-monde, une métropole globale avec une centaine de nationalités ». En matière de « coup à jouer », le Grand Paris a décidé de frapper fort, en annonçant, il y a trois ans, une programmation artistique et culturelle audacieuse. « Paris était un peu figée dans une vision patrimoniale du passé, rappelle Rémi Babinet, président du Fonds de dotation du Grand Paris Express. Il est assez rare que l’on associe un projet culturel et un projet de grands travaux, mais nous devions créer l’imaginaire du Grand Paris ». Dès la phase de chantier, la programmation artistique et culturelle a donc pour objectif d’impliquer les riverains et, sous le label « Chantiers partagés », des événements réguliers sont organisés. Avec le nom de code « KM » pour kilomètre, chaque avancée du chantier du Grand Paris Express est ainsi célébrée par un rituel : du « ripage » d’une dalle au percement d’un tunnel, en passant par l’installation des grues, chaque étape des opérations de génie civil est marquée par un évènement.
Danse avec les pelleteuses ?
Dès 2016, sur le premier chantier du Grand Paris Express et de la future gare Fort d’Issy-Vanves-Clamart, une vingtaine de danseurs s’était lancée à l’assaut d’une machine de chantier. Les étudiants de l’École nationale des Arts du cirque de Rosny-sous-Bois et de l’Académie…