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Entretien avec Mathias Ary Jan : « Pour la première fois, la Biennale va se joindre aux Journées du patrimoine »

« Pour la première fois, la Biennale va se joindre aux Journées du patrimoine »

Cette édition de la Biennale Paris obéit à une disposition spatiale assez novatrice, quelle est-elle ?

Je dois dire qu’il n’existe pas de salon parfait et que l’on ne peut pas assurer à tous les stands la même fréquentation ! Mais il est vrai que nous avons une politique plus égalitaire que par le passé. Nous avons à cœur de mettre chaque exposant en valeur, c’est pourquoi nous avons décidé de supprimer l’allée centrale. Nous ne conservons que deux allées, ce qui dessine un parcours obligé, une boucle. Cela a évidemment une incidence par rapport à la disposition précédente (avec une allée centrale et deux allées secondaires) : nous ne pouvons plus accueillir autant de galeries. Nous avons 62 stands.

Accordez-vous des tarifs particuliers pour les stands des jeunes galeries ?

Sauf pour la cour centrale à l’entrée, notre tarif unique est de 900 euros le mètre carré. Nous n’avons pas pour l’instant de tarif préférentiel mais c’est un axe de réflexion du syndicat. Je dois aussi signaler que le plan d’occupation n’est pas sectorisé comme dans les manifestations qui accueillent davantage d’exposants. Toutes les spécialités se côtoient, dans l’objectif de créer un grand musée éphémère.

La scénographie et l’exposition sont deux éléments importants, pourquoi ?

C’est Jean-Charles de Castelbajac qui assure la scénographie, un geste artistique fort de la part d’un artiste qui aime beaucoup l’objet mais qui sait le magnifier dans un décor contemporain : une façon d’être dans le XXIe siècle. En ce qui concerne l’exposition, dédiée cette année à Pierre-Jean Chalençon et à sa collection napoléonienne, nous partons d’un constat : il n’y a pas de grands collectionneurs sans grands marchands. Après les Barbier-Mueller l’an dernier, qui incarnaient une dynastie sur quatre générations, Chalençon est au contraire un autodidacte. Il a d’ailleurs connu des grandes émotions à la Biennale alors qu’il était encore adolescent !

Quelle est votre politique de partenariats ?

Dans le passé, il n’y en avait pas. Cela a été pour nous une priorité. Nous en avons conclu avec le salon Maison & Objet et la Paris Design Week, incluant des échanges de fichiers et une politique commune. Cela va nous conduire à un pavoisement des Champs-Élysées, ce qui n’avait jamais été fait pour la Biennale. C’est une façon de dire : en septembre, Paris marque la rentrée artistique internationale, c’est le rendez-vous incontournable de l’art de vivre à la française. Nous avons aussi un programme très riche pour les quelque 2000 VIP, avec des visites de lieux exclusifs, chez Mellerio, Chaumet ou Ruinart à Épernay, fruit d’accords noués avec ces représentants du luxe et du savoir-faire.

Êtes-vous sensible aux nouveaux publics ?

Oui, et je vous donnerai un seul exemple. Pour la première fois de son histoire, la Biennale va se joindre aux Journées du patrimoine. C’est un signe de notre ouverture et de notre souhait d’être une courroie de transmission du savoir. Le samedi 15 septembre, nous serons ouverts jusqu’à minuit et l’entrée sera gratuite à partir de 18 heures.

L’annualisation de la Biennale Paris, décidée en 2016, peut-elle être remise en cause ?

Je conçois qu’avec notre nom, la cadence annuelle ne soit pas évidente. Mais l’époque où il n’existait que quelques salons dans le monde, où la galerie était le centre absolu des échanges et où l’on pouvait se fixer des rendez-vous plus rares et espacés, n’existe plus. Et je vous rappelle que l’annualisation a été votée en assemblée générale, à plus de 80% des voix.

Article issu de l'édition Hors-série du 08 septembre 2018